Une table ronde a propos du nom des rues

Histoire de Voir … histoires au pluriel n°112

Une table ronde a propos du nom des rues réunissait le 14 mars dernier au théâtre de l’Inox avec la participation de la clé des Ondes et nos invité.es Isabelle Do Nascimento Lopes de Mémoires et Partages, Thierry Marot et Bruno Bouyer du collectif dénommer l’avenue Thiers, Gérard Clabé du Guide du Bordeaux colonial, Olivier Escots, adjoint au maire chargé du handicap, de la lutte contre toutes les discriminations, de l’accessibilité et des établissements recevant du public et membre de la commission de viographie bordelaise, débat animé par Gérard Clabé et Jean Pierre Lefèvre de l’assoPourQuoiPas.

Après une introduction d’Isabelle Do Nascimento Lopes de Mémoires et Partages sur l’exemple de Biarritz, la mobilisation pour dénommer le quartier de la Négresse et lui faire retrouver son nom basque, un dialogue très riche à propos du nom des rues a suivi. .

Faut il expliquer, faut il déboulonner, faut il dénommer l’avenue Thiers par exemple comme le porte le collectif du même nom ?

Tout.es les participant.es s’accordent à dire que l’espace public n’est pas un terrain neutre. Si l’on peut accepter l’idée que la mémoire appartient à toutes et tous, il est important comme l’a fait le Guide du Bordeaux colonial de recontextualiser tout à la fois l’histoire de ces personnalités ayant favorisé le commerce des traites négrières, de la colonisation, de la répression ouvrière, les va-t’en-guerre multiples et autres religieux qui dénomment nos rues.

A la lumière de nos connaissances historiques et sociales d’aujourd’hui, sans nul doute il y a de quoi choquer, en tout premier lieu les descendants des victimes de leurs crimes.

Les participants ont noté la frilosité et la lenteur de la mise en place de plaques explicatives par la Mairie qui donne ses explications, pleinement consciente de nos questionnement et demandes. A la grande satisfaction des invités de cette table ronde Olivier Escots nous a informé, que la communauté scolaire de l’école Jean Monnet des Aubiers a fait le choix de dénommer après les travaux de rénovation l’école qui portera le nom de Louise Michel. A ce sujet nous rappelons que nombre d’écoles élémentaires bordelaises ne sont pas nommer. Par exemple l’école Saint Bruno qui porte le nom de la paroisse, l’école Thiers qui porte le nom de l’avenue, sans compter les gymnases et autres lieux municipaux. Enfin la question des doublons est aussi posée.

Faire preuve d’imagination.

La Mairie à les moyens d’organiser une consultation en lien avec les utilisateurs, les habitants et les associations concernées, respectant ainsi le souhait et suscitant des débats citoyens autour de cette volonté d’appropriation de leur environnement. D’ailleurs cette volonté de marquer le territoire est bien un choix politique, il suffit de voir dans le vieux Bordeaux les noms successifs du changement du nom des rues sur les murs suivant les aléas politiques du moment.

La mémoire non pas gravée dans le marbre mais dans la pierre en quelque sorte.

Enfin puisque nous étions dans la semaine du 8 mars, la rareté du nom des femmes dans notre environnement (entre 8 à 10 %) est une question qui se pose à part entière . La Mairie en est pleinement consciente, en dénommant en priorité des femmes dans le tissu urbain. Malheureusement comme le faisait remarquer une participante du public, les autorités municipales sacralisant les rues du centre ville (avenue Thiers), repoussent en périphérie la dénomination féminine des nouvelles rues.

Patriarcat quand tu nous tiens !

Pour le reste des idées ont été avancé par le public et les débatteurs sur la mise en place en accord avec TBM de plaques explicatives sur le nom des stations de tram, comme l’avait commencé à faire la précédente municipalité avec des parcours de mémoire, une autre façon de s’approprier et de “pacifier” la ville, et au delà la Métropole bordelaise.

Mais faites vous votre idée en écoutant notre émission du jour. Merci à tous les participant.es