Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Augustin Mouchot une énergie solaire
L’histoire d’Augustin Mouchot une énergie solaire nous avons trouvé dans un article du Monde Diplomatique daté d’août 2002, concernant la sortie du livre l’inventeur, édité chez Payot rivages, livre et article écrit par Miguel Bonnefoy.
Je dois avouer que j’ignorais parfaitement l’histoire d’Augustin Mouchot avant la lecture de cet article.
Ce fils de serrurier de Semur-en-Auxois, né en 1825 et mort en 1912. Modeste instituteur, professeur, il devient chercheur, ingénieur et pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Ses recherches portent sur l’énergie solaire, ainsi, il invente les premiers outils de conversion.
Nous le verrons dans les extraits du livre de Miguel Bonnefoy, Augustin Mouchot non seulement à trouver le moyen de convertir l’énergie solaire en énergie thermique, il a aussi mis au point le premier moteur solaire. A l’aide d’un réflecteur parabolique et d’une chaudière cylindrique il a alimenté une petite machine vapeur.
Présentée à Napoléon III en 1870, la machine disparaîtra au cours du Siège de Paris par les Prussiens.Il reçoit l’autorisation de continuer ses travaux en Algérie alors département français. Malheureusement son associé lui volera ses plans.
Augustin Mouchot meurt en 1912 à Paris dans la misère et retourna ainsi à l’anonymat, l’industrie tablant sur le charbon.
Une histoire comme on les aime.
Nous vous régalerons de quelques extraits de ce roman l’inventeur paru aux éditions Payot rivages écrit par un jeune et brillant écrivain Miguel Bonnefoy à l’origine franco Vénézuélienne et déjà récompensé de nombreux prix littéraires.
A écouter dans Hostoire de voir … histoires au pluriel, en direct tous les mardis de 13 à 14 h 90.10 ou en différé sur sur laclédesOndes. fr
L’inventeur
Extraits :
Son visage n’est sur aucun tableau, sur aucune gravure, dans aucun livre d’histoire. Personne n’est présent dans ses défaites, rares sont ceux qui assistent à ses victoires. De toutes les archives de son siècle, la France ne conserve de lui qu’une seule photographie. Son existence n’intéresse ni le poète, ni le biographe, ni l’académicien. Personne n’entoure de légende sa discrétion, ni de grandeur sa maladie. Sa maison n’est pas un musée, ses machines sont à peine exposées, le lycée où il fit ses premières démonstrations ne porte pas son nom. Toute sa vie, ce guerrier triste se dresse seul face à lui-même et, malgré cette solitude qui pourrait avoir la trempe et l’acier des génies de l’ombre, son destin n’est même pas celui d’un héros déchu. À le voir, il n’appartient pas à cette race d’immortels sans mémoire, aux noms interdits. Si Augustin Mouchot est un des grands oubliés de la science, ce n’est pas qu’il ait été moins persévérant dans ses explorations, moins brillant dans ses découvertes, c’est que la folie créatrice de ce savant têtu, froid et sévère s’est acharnée à conquérir le seul royaume qu’aucun homme n’a jamais pu occuper : le soleil.
Or, à cette époque, au début du XIXe siècle, personne ne s’intéressait au soleil. La France, tournant le dos au ciel, s’affairait à fouiller les entrailles de la terre pour y extraire, tous les jours, des milliers de tonnes de charbon…/…
Et parmi toutes ces activités, il y en avait une qui en consommait en grande quantité, car elle consistait à produire une chaleur suffisante pour tordre le fer : la serrurerie. En ces temps, les serrureries conservaient encore la rusticité médiévale des vieilles forges où l’on battait le bronze pour faire des rampes d’escalier et où l’on bâtissait des grilles en métal pour les jardins des villages, mais elles s’étaient développées avec plus de finesse le jour où Louis XVI, avant d’être guillotiné sur la place de la Révolution, avait ouvert un atelier aux étages supérieurs de Versailles.
Pendant trente ans, dans la plus grande clandestinité, le dernier roi de France s’était amusé à reproduire à l’identique les fermetures des portes de son château, les loquets et les systèmes de sûreté, et on disait qu’il avait lui-même conçu la serrure de l’armoire de fer qui cachait les lettres volées des monarques, dont il gardait la clé attachée à un collier autour de son cou. Ce n’est que bien des années plus tard, devant une foule en délire, lorsque sa tête roula sur l’échafaud, qu’un jeune Bourguignon nommé Jean Roussin, assistant au spectacle, trouva une clé en argent dans la boue, cachée dans une touffe de cheveux, et la vendit rue Saint-Denis, sans imaginer qu’il tenait entre ses mains le secret le mieux gardé du royaume.
Avec cet argent, il ouvrit une serrurerie en Côte-d’Or, à Semur-en-Auxois, dans un village de trois mille âmes et de deux clochers. Il s’installa dans une maison sur les berges de la rivière Amance, où il se maria et eut cinq filles. Quinze ans plus tard, la dernière, Marie Roussin, une jeune fille silencieuse et mélancolique, tomba amoureuse d’un des apprentis de son père, un certain Saturnin Mouchot, et passa le reste de sa vie à accoucher de six enfants dans une ruelle voisine.
Ainsi naquit, le 7 avril 1825, à l’ombre des rues du Pont-Joly et de Varenne, dans l’arrière-salle d’un atelier de serrurerie, l’homme qui devait inventer l’application industrielle de la chaleur solaire. On nomma l’enfant Augustin Mouchot. (…)
[Augustin Mouchot sera chargé, en 1860, de la suppléance de la chaire de mathématiques au lycée d’Alençon. Il découvre au hasard de ses lectures l’appareil inventé par le physicien alpiniste Horace Bénédict de Saussure, qui lui permettait de faire cuire un ragoût « rien qu’en présentant à l’ardeur du soleil la surface vitrée d’un miroir ».]
Un matin, il se leva avec une hardiesse inattendue, prit une feuille de papier et, saisi par une inspiration primitive, copia le modèle de la marmite solaire d’Horace de Saussure. Toute la nuit, il apporta des améliorations, prit des mesures, revisita les plans….. Mouchot se mit en tête de construire sa première marmite solaire.
Il constata que l’énergie du soleil, quand elle frappait perpendiculairement les miroirs, augmentait légèrement. Il passa l’après-midi à la déplacer en suivant le soleil, en la tournant toutes les vingt minutes, devant la fenêtre ouverte afin que la lumière atteigne toujours le fond, regagnant à chaque fois sa chaise d’où il observait, patiemment, la chaleur faire son effet. Mais la caisse ne faisait que tiédir lentement. La seule chose qu’il parvint à cuisiner fut un ragoût abominable, immangeable.
Plus il avançait dans sa fabrication, plus ses expériences étaient désastreuses.
Face à ces échecs répétés, il souhaita faire une autre expérience. Il se dit qu’en abandonnant les légumes et en installant une chaudière pleine d’eau à la place du récipient, la température donnerait peut-être assez de vapeur pour faire marcher le piston. Il plaça une chaudière en cuivre dans le foyer de miroirs qu’il remplit d’eau dans son fond, et tourna l’appareil vers le soleil. Les premières minutes, il jeta des coups d’œil rapides et furtifs, bougeant légèrement ses réflecteurs pour que la lumière les atteigne perpendiculairement. En s’échauffant, le cuivre dégagea à son tour de la chaleur mais, la perdant au contact de l’air, se mit à refroidir très vite.
Mouchot baissa les bras. Il était insensé de s’acharner. Il devait désormais se rendre à l’évidence qu’il n’était pas un inventeur, ni un savant, mais un simple professeur de mathématiques de lycée, incapable de reproduire ce qu’un alchimiste au milieu des montagnes, sans l’aide de quincailliers, était arrivé à réaliser. Ce n’était visiblement pas pour lui. Il n’était pas voué à la lumière : l’ombre l’appelait. Il décida de tout lâcher.
La science, les découvertes et le hasard
La première réussite de Mouchot fut due à un hasard, comme souvent dans l’histoire des sciences. Pour ne pas laisser sa machine à l’air libre, il se saisit d’une des grandes ventouses que les médecins avaient utilisées pour ses poumons et clocha la chaudière. Il plaça ensuite l’entonnoir sur des briques, qui sont des mauvais conducteurs, et retomba sur sa chaise, abattu.
Il remuait de sombres idées, bien décidé à tout arrêter quand il entendit derrière lui le couvercle de son récipient émettre un bruit impatient. Des bulles tapotaient les parois, montaient fiévreusement et crevaient la surface. Il souleva la cloche de verre. Un énorme nuage de vapeur lui couvrit le visage. En quelques minutes, la chaudière était parvenue à ébullition. Le soleil avait traversé la surface de verre de la ventouse, mais la vapeur était restée bloquée à l’intérieur. Il avait accumulé de la chaleur dans un point, grâce à un instrument de médecine, et l’avait empêché de se perdre au-dehors. La concentration pratique de l’énergie solaire venait d’être découverte.
Il pouvait faire de la vapeur sans feu, il pouvait actionner une machine à vapeur : tout le marché de la révolution industrielle s’ouvrait à lui.
Il prit sa veste et son chapeau et se rendit d’un pas triomphant au registre des brevets, à la Chambre de commerce, avec une naïve insolence, pour informer l’Académie qu’un nouveau savant venait de faire irruption dans la science.
Personne n’imaginait qu’au palais du Trocadéro, vingt ans plus tard, pendant la grande Exposition universelle, on le présentait parmi cinquante-trois mille inventeurs, seize millions de visiteurs, au milieu d’un palais de quarante hectares de verre où l’on exhibait les diamants de la Couronne et la tête de la statue de la Liberté.
Personne n’imaginait que ce serait là, au cœur du Champ-de-Mars, qu’il dévoilerait au monde son invention, une cathédrale de miroirs, une machine capable de capturer la chaleur du soleil comme les barrages capturent l’eau des cascades.
Mais tout ceci n’arriverait qu’en octobre 1878. Sous l’hiver d’Alençon, ce 4 mars 1861, Mouchot ne soupçonnait rien du destin fabuleux qui le guettait quand, alors qu’il n’avait que 35 ans, il déposa son premier brevet sur l’utilisation de l’énergie solaire, qu’il appela héliopompe.
En conclusion :
Vous connaissez la suite, bien qu’il reçoive l’autorisation de continuer ses recherches, en Algérie alors département français, son associé lui volera ses plans. Augustin Mouchot, dans la misère meurt en 1912 à Paris, retournant ainsi à l’anonymat. Un grand merci à l’écrivain Miguel Bonnefoy pour avoir retrouvé l’histoire de ce personnage et qui grâce à lui retrouve la lumière…… .
à lire : l’Inventeur paru chez Payot-Rivage
Biographie de Miguel Bonnefoy
Miguel Bonnefoy, est né en France le 22 Décembre 1986, écrivain français et vénézuélien, d'une mère diplomate sud-américaine qui a été l'attachée culturelle de l’ambassade du Venezuela à Paris et d'un père romancier chilien. Miguel Bonnefoy a grandi au Venezuela et au Portugal. Il y a suivi sa scolarité dans des lycées français. Auteur, il a aussi été professeur de français pour l’Alliance française. En 2009, il remporte le grand prix de la nouvelle de la Sorbonne Nouvelle avec La Maison et le Voleur. Il publie en italien Quand on enferma le labyrinthe dans le Minotaure en 2009, et en français Naufrages en 2011, sélectionné pour le prix de l'inaperçu 2012. En 2013, il est lauréat du prix du jeune écrivain avec Icare et autres nouvelles. Le Voyage d'Octavio son premier roman, publié en 2015, est finaliste du prix Goncourt du premier roman. En 2017, Sucre noir est finaliste du prix Femina. En 2018-2019, il est pensionnaire à la Villa Médicis. Miguel Bonnefoy reçoit le prix des libraires 2021 pour son roman Héritage Dans une interview avec l'écrivain José del Prado, Bonnefoy a déclaré qu'il avait envie d'utiliser la métaphore et aussi son éloignement des questions politiques. Il a déclaré qu'il réside à Berlin
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