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Le crâne de Goya

Nouvelle chronique dans notre émission tous les mardis de 13 à 14 h sur laclédesondes.fr  Histoire de voir… Histoires au pluriel. Comme annoncé dans son titre la Grande Histoire est traversée d’histoires multiples qui la pimentent aussi et lui donnent toute sa chair. 
Nous vous invitons à lire, consulter, voir ou à écouter cette nouvelle anecdote sur youtube :
Ou est passé le crâne de Goya ? Une biographie 

Biographie rapide et …. incomplète 

Francisco Goya nous est familier à Bordeaux. Nous connaissons tous l’Institut Cervantès situé cours de l’intendance. Ce fut la dernière demeure du peintre, Goya y est mort dans ses appartements du troisième étage puis fut enterré au cimetière de la Chartreuse.

Francisco José de Goya y Lucientes, dit Francisco de Goya est né en 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, 10 ans avant Mozart, 24 ans avant Beethoven.

Introduit à la cour du roi grâce à son beau-frère, Francisco de Goya rejoint Madrid en 1775 pour y travailler à la Fabrique royale de tapisseries. Il réalise deux ans plus tard son premier chef-d’œuvre, « L’Ombrelle »La renommée qui découle de ses séries de cartons lui offre la célébrité, et le titre d’académicien de mérite en 1780. Il est ensuite nommé peintre attitré du roi d’Espagne, en 1786. A ce titre, un an plus tard il peint le tableau : « la famille de Charles IV ». Ce sera une de ses dernières commandes officielles.

Goya a déjà 46 ans quand éclate la Révolution française. Fin 1792, il est brutalement atteint de surdité, Goya alors réalise une série de gravures, une satire de la société espagnole de la fin du XVIII siècle , « Los Caprichos », entre 1793 et 1798.

Cette Révolution française a des conséquences politiques et culturelles importantes en Espagne ; les « Illustrados », qui partagent les idéaux des Philosophes français, sont pourchassés par la monarchie et l’Église et son Inquisition.

Goya se sent proche de ces peintres et artistes, c’est un homme à cheval sur deux siècles et fait de son œuvre un parcours diversifié et abondant. Précurseur pour beaucoup de l’art contemporain, le peintre fut admiré de son vivant pour ses cartons, peintures et gravures, il est une figure reconnue de la montée en puissance du romantisme.

En 1800-1803, présentation des deux « majas » (modèle inspiré de son hypothétique aventure avec la duchesse d’Albe) ; dans le premier, habillée, elle apparaît allongée lascive sur un lit, le second dans la même position mais nue, les deux portraits de femmes assumant leur position, nous défient du regard.

Cela provoque un scandale chez les réactionnaires espagnoles ….. et ils sont nombreux.

Ce tableau hantera et inspirera en 1863, Edouard Manet, qui reprendra ce thème de la nudité en représentant dans son tableau, une prostituée qui nous regarde entrer comme elle regarde entrer ses clients allongée, insolente, assistée par une domestique noire (esclavage) et d’un chat noir (le diable).

C’est le tableau « Olympia », une huile sur toile imposante (130,5 ; L. 191,0 cm) visible au Musée d’Orsay.

Cette toile à son tour 64 ans après provoque le scandale entre les Anciens et les Modernes. Il vaudra à Manet l’amitié d’Émile Zola ou de Baudelaire entre autres.

Deux peintres pour le moins transgressifs.

Goya et les désastres de la guerre

Revenons à Goya qui après ces scandales se tourne des thèmes plus personnels. Scènes dramatiques lugubres ou fantastiques : tauromachie, brigands et assassins, fous, cannibales, diables et sorcières agitent ces dessins et travaux de peinture.

L’invasion de l’Espagne par les troupes de Napoléon sera l’occasion à partir de 1808 de commencer son travail sur « Les désastres de la guerre » Une dénonciation de la guerre, des violences, des crimes et qui restent toujours une charge symbolique atemporelle.

L’autre chef d’œuvre de Goya c’est le tableau « Tres de Mayo ou La Fusillade », peint en 1814, que l’on peut admirer au musée du Prado à Madrid. Une vision sombre et brutale de la répression militaire contre les résistants espagnols. Représentés alignés dos à un mur, prêts à être fusillés par des soldats dont on ne voit pas les visages.

Goya immortalise ainsi la bravoure et le sacrifice de ces résistants.

Dans la nuit du du 2 au 3 mai 1808, les troupes napoléoniennes de Joachim Murat, en représailles pour venger la mort de soldats français, exécutent plus de 400 combattants espagnols faits prisonniers au cours de la bataille. Le sujet de la toile, sa présentation ainsi que l’émotion qu’elle dégage font de cette peinture l’une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à la guerre.

Elle marque une rupture et diverge des représentations traditionnelles de la guerre dépeintes dans l’art occidental. Elle est reconnue comme l’une des premières toiles de l’ère moderne certains la qualifie d’œuvre révolutionnaire dans tous les sens du terme : par son style, son sujet et son intention. Goya dans ses œuvres va célébrer la résistance du Peuple espagnol qui harcèle les armées de Napoléon. Cette stratégie populaire prendra un nom : la guérilla.

Le crâne de Goya ? Très de mayo

La défaite de Napoléon en Espagne et le retour de Ferdinand VII sur le trône s’accompagne d’une grande vague de répression contre les libéraux. Goya désespéré décore de peinture noire à Madrid sa propriété, la Quinta del Sordo (la maison du sourd), une œuvre que certains qualifient d’expressionnistes, tant la violence du mal y est représentée.

Goya se réfugie à Bordeaux, et y perdit la tête.

Fuyant l’absolutisme de Charles IV et l’Inquisition espagnole, Goya se réfugie à Bordeaux les quatre dernières années de sa vie (avec sa compagne Leocadia et leur (?) petite fille de 10 ans, Maria de Rosario).

Après deux longues semaines d’agonie, il meurt dans la nuit du 15 au 16 avril 1828, à l’âge de 82 ans, des suites d’une attaque cérébrale, au troisième étage, de l’Institut Cervantès.  

Selon une légende dans la cave, sur un mur, en grandes lettres, le mot sangre (sang), écrit mystérieusement à la suie de bougie, dans une graphie caractéristique du XVIIIe siècle, pourrait bien avoir été le dernier mot laissé en ce monde par le grand artiste visionnaire : son œuvre tardive, en particulier les séries de gravures – dont les fameux « Désastres de la guerre », – ne dénonçaient-elles pas sans détour les violences, la folie et la bêtise humaine ?

Le jour de sa mort, ce 16 avril 1828, son inhumation quelques jours plus tard au cimetière de la Chartreuse, et celui de l’ouverture de son cercueil pour être rapatrié à Madrid 70 ans plus tard, constat est fait : le fameux “pintor” n’a plus de tête.

Depuis, son crâne joue à cache-cache sur les bords de la Garonne.

Dernière apparition supposée : 1955, au marché aux puces de Mériadeck… 

C’est en 1880 que le Consul d’Espagne entame les démarches pour faire transférer le corps à Madrid. Ce sera donc un corps sans tête qui repose à Madrid, car lors de l’exhumation du corps, en 1888 au cimetière de la Chartreuse, on fait cette découverte macabre : le crâne du peintre ne se trouve pas attaché au corps.

Si on ignore les circonstances exactes de la disparition du crâne, plusieurs hypothèses ont été avancées.

Selon une première hypothèse, il semblerait que Goya ait légué son crâne à la science, (ce qui était fréquent à l’époque), par l’intermédiaire d’un médecin spécialisé dans la phrénologie balbutiante, hypothèse confirmée par un acte officiel déposé par le Dr Gaubric, anatomiste bordelais réputé, par ailleurs proche de Leocadia (la compagne de Goya). L’acte est  retrouvé dans le cercueil du peintre, prouvant l’emprunt de la tête, 60 ans plus tard à l’ouverture du cercueil.

Paul Broca (1824-1880) médecin, sera l’inventeur quelques années plus tard de l’anthropométrie craniale, déterminant les capacités mentales et intellectuelles des personnes étudiées, faisant la lie assumée du racisme et du sexisme. (voir le Guide du Bordeaux colonial p162). On pense à l’époque que le caractère, la race, l’intelligence d’une personne sont identifiables à la forme de son crâne. De nombreuses études sont menées sur des ossements afin d’étudier aussi l’origine (?) du génie de certains artistes.

Une autre piste médicale ; Goya souffrant de surdité, maladie déclarée en 1792, à l’âge de 46 ans, ait autorisé son médecin à prendre son crâne pour étudier l’origine de sa maladie. Dans l’une ou l’autre de ses hypothèses médicales, le crâne, jamais remis en place, a dû finir dans les locaux de la faculté de médecine de Bordeaux, stocké pendant plusieurs années, et selon de fortes probabilités être détruit, jeté et a bel et bien disparu.

Ou alors, en dernière hypothèse, il fut donné, vendu à un cabaret pour sa décoration. D’après les habitués, ce cabaret espagnol était situé en face de l’école de médecine :

Le crâne de Goya ?

le « Sol y Sombra », nommé ainsi en référence aux arènes espagnoles, séparées entre partie à l’ombre ombre et partie en lumière. Chacun connaissant la passion du peintre pour la tauromachie, le cabaret pouvait ainsi rendre un hommage à Goya, fervent amateur de corrida. L’estaminet à proximité du marché des Capucins, les Capus, était déjà à l’époque, un quartier populaire ou la présence des réfugiés espagnols très nombreux pour fuir le franquisme et sa misère, n’empêchait pas la jeunesse bordelaise de venir s’y encanailler autour d’un spectacle de flamenco, tout en y dégustant une soupe au fromage à deux heures du matin.

C’est donc ici qu’aurait atterrit entre « soleil et ombre », le crâne de Goya, toujours salué par les habitués du lieu, qui venait festoyer sous le regard de l’illustre maître.

A la fermeture du cabaret, suite à une sordide affaire de meurtre, les biens et décorations du lieu furent vendues au marché aux puces de Mériadeck, là où le crâne est aperçu dans les années 1950.

Si cette piste est la bonne qu’est devenu le propriétaire ? Avis aux héritiers du crâne, et fin de la seconde hypothèse.

Cependant ces deux pistes n’expliquent pas un autre mystère :

Le crâne de Goya ? Crâne de Goya, Dionisio Fierros, 1849

Comment se fait-il que plusieurs années avant l’exhumation du corps, un autre artiste espagnol ait peint un tableu, le crâne de Goya, au dos duquel on peut lire “Crâne de Goya par Fierros, 1849”, tableau qui fut retrouvé chez un antiquaire. Dionisio Fierros, (1827 – 1894) aurait donc été en la possession du crâne au moins assez longtemps pour pouvoir en faire une reproduction sur toile ?

D’après les recherches de ce côté, ce peintre avait un fils, ancien étudiant bordelais qui lors de ses études de médecine se serait servi du crâne pour son apprentissage et aurait fini par l’emmener avec lui. Le crane ayant ainsi servi de modèle à son artiste de père …… et le dis crâne fini perdu, voir fracassé ?

D’autres plus farfelus et romantiques, affirment que la tête de Goya aurait été ajouté dans le cercueil de la Duchesse d’Albe à sa mort.

L’imagination est en marche et ne nous évite pas des prises de tête…..  

Vanités.

Toujours est il qu’à travers l’histoire de ce crâne, intention voulue ou pas, l’objet nous renvoie à ce genre de peinture appelé les Vanités. Ce style est né au XVIIè siècle aux Pays Bas, à l’aube du protestantisme et ce veut une représentation allégorique de la fragilité de la vie humaine et de la fatuité de ce à quoi l’être humain s’attache durant celle ci.

« Vanité des vanités, et tout est vanité » comme il est écrit dans l’Ancien Testament.

Si cette histoire reste sans fin, nombreux sont ceux qui espèrent pouvoir un jour retrouver ce crâne sur lequel le nom du peintre serait inscrit. Cette histoire a aussi fait l’objet d’un documentaire réalisé par Samuel Alarcón. Oscuro y Lucientes, inspiré par l’histoire que lui avait raconté son père. Le documentaire de 2018 retrace à la manière d’une vraie enquête, le mystère qui pèse autour de cette disparition…

Inspiré de nombreuses recherches, films, vidéos et autres curiosités

https://youtu.be/cUPWzViW8fg

Documentation

article de Télérama du 10/11/2017 de Lorraine Rossignol

(https://www.telerama.fr/scenes/a-bordeaux,-a-la-recherche-du-crane-de-goya,n5337873.php)

article du courrier de Gironde du 18/04/2019 (https://www.courrierdegironde.fr/lextraordinaire-histoiredu-crane-de-goya/)

Article de La dépêche 23/02/2023

(https://www.ladepeche.fr/2022/04/01/histoire-le-crane-de-goya-affaires-non-elucidees-10207267.php)

Francisco Goya Peintre de cour au génie visionnaire par manuel Jover le 30 03 2021 https://www.connaissancedesarts.com/artistes/francisco-de-goya-du-peintre-de-cour-au-genie-visionnaire-11154845/

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