skip to Main Content

Évènements associatifs

[add_eventon tiles="yes" tile_count="3" ]

Marceline Desbordes Valmore à Bordeaux

Marceline Desbordes-Valmore, née le 20 juin 1786 à Douai et morte le 23 juillet 1859 à Paris, est une poétesse française. Elle meurt à Paris, le 23 juillet 1859, dans sa dernière demeure du 59 rue de Rivoli. Marceline Desbordes-Valmore a été inhumée au cimetière de Bourg-la-Reine. Une rue de Paris porte son nom et à Bordeaux la rue Marceline DesbordesValmore, loge le Groupe scolaire Nelson Mandela dans le quartier Ginko

Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire. J’écris pourtant”

Marceline Desbordes-Valmore est venue trois fois à Bordeaux 

La première fois en 1800, elle vient à Bordeaux, très jeune, elle accompagnée de sa mère et son amant , elle joue un petit rôle au Grand Théâtre.

À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, totalement impécunieuse, elle entreprend avec sa mère Catherine Desbordes de traverser l’Atlantique pour rejoindre la Guadeloupe afin de trouver refuge chez un cousin qui ne sera pas d’un grand secours. L’épidémie de fièvre jaune et la guerre ravage alors l’île. Elles assistent à la répression de la rébellion contre le rétablissement de l’esclavage par le général Richepance. Sa mère décède en mai 1802. Elle reviendra seule en bateau.

Séjour à Bordeaux avril 1823 avril 1827 

Mariée au comédien François-Prosper Lanchantin dit Valmore, elle vint s’installer en 1823 

À Pâques, Prosper Valmore est engagé au Grand Théâtre de Bordeaux. Toute la famille s’installe au 7 ou rue de la Grande-Taupe (actuelle rue Lafaurie-de-Monbadon). Marceline Desbordes-Valmore quitte définitivement la scène et se consacre ainsi pleinement à l’écriture et à l’éducation de ses enfants.

1823 La famille s’installe ensuite le très bel appartement en rotonde situé au bel étage de l’hôtel Godefroy construit vers 1800 à l’angle du cours de l’Intendance et de la rue Montesquieu.

Sa façade arrondie répond à l’architecture en trompe-l’œil du Théâtre français et à celle en courbe de l’immeuble qui lui fait face, véritable mise en scène urbaine dans une ligne architecturale très sobre, propre à l’époque révolutionnaire. L’endroit l’enchante… Marceline tombe en admiration devant « le balcon aux 200 pas » où donnent ses fenêtres.

Elle est à quelques pas de l’appartement qu’occupe Francisco Goya. Le peintre exilé réalisa d’elle un portrait un peu mélancolique et sombre ; une œuvre dont on ne trouve plus trace aujourd’hui dans les musées, ni chez les collectionneurs.

1824 En décembre, parution d’un nouveau recueil chez Ladvocat : Élégies et poésies nouvelles. Les Valmore déménagent au 21 rue Montesquieu.

1825 Le 29 novembre, naissance de Blanche-Inès, dernière enfant de Marceline et Prosper Valmore.

1826 Marceline Desbordes-Valmore obtient une pension annuelle de 1500 francs de la Maison du roi, pension pour laquelle Latouche, le duc de Montmorency et Mme de Récamier ont œuvré. Elle accepte cette pension après de nombreuses réserves.

1827 À Pâques, les Valmore doivent à nouveau gagner Lyon où Prosper est engagé au Grand Théâtre.

1834 La deuxième révolte des canuts à Lyon est écrasée dans le sang en 1834. La poétesse Marceline Desbordes-Valmore, lyonnaise à l’époque, a été témoin de ces violences, « la sanglante semaine » qu’elle a consigné dans plusieurs poèmes publiés dans Les pauvres fleurs1

L’amour de la littérature a mené Marceline Desbordes-Valmore à rencontrer les plus beaux esprits du temps. Dans le salon des Nairac, 27 rue du Palais-Gallien, elle entendit lire des fragments d’Eloa par la voix même de l’illustre Alfred de Vigny.

La maison de campagne du poète Edmond Géraud à La Bastide « La belle allée »*, qu’avaient rendue célèbre ses magnifiques ombrages, est aussi un lieu de rencontres privilégiées où elle découvre la beauté des coteaux de Lormont et de Cenon et des bords de Garonne au couchant .

« Aux coteaux de Lormont j’avais légué ma cendre ; Lormont n’a pas voulu d’un fardeau si léger… »

Dès 1827, le couple quittera le port de la Lune, suite à l’engagement de Valmore au théâtre de Lyon.

« J’ai quitté Bordeaux avec un déchirement dont la fatigue dure encore… », écrira-t-elle à Madame Edmond Géraud.

Poète et poésies 

Les séparés2

N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.

Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.

J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,

Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.

                        N’écris pas !

N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes,

Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais !

Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,

C’est entendre le ciel sans y monter jamais.

                        N’écris pas !

N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;

Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.

Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.

Une chère écriture est un portrait vivant.

                        N’écris pas !

 N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :

Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;

Que je les vois brûler à travers ton sourire ;

Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.

                        N’écris pas !3

Marceline Desbordes Valmore à Bordeaux

Les roses de Saadi 4

J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;

Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.

Les séparées lecture théâtralisée

Marceline Desbordes Valmore une artiste complète

Marceline Desbordes Valmore à Bordeaux peinte en 1806

En mai 1802, Marceline devient comédienne et joue au théâtre à Lille et à Douai. Comédienne et chanteuse, elle se produit notamment à l’Opéra-Comique et au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, où elle incarne Rosine dans « Le Barbier de Séville » de Beaumarchais. Au cours de sa carrière théâtrale, elle joue souvent des rôles d’ingénue. Elle crée plusieurs pièces de Pigault-Lebrun, rencontre Talma, qu’elle admire, Marie Dorval et surtout Mademoiselle Mars, qui sera son amie jusqu’à la fin de ses jours.

Entre 1808 et 1812, elle arrête temporairement le théâtre, durant sa liaison avec Eugène Debonne, issu d’une famille de la bonne société rouennaise. Un fils, Marie-Eugène, naît de leur liaison. Mais la famille Debonne refusant une union avec une ancienne comédienne.

Marceline Desbordes quitte définitivement son amant et reprend le chemin du théâtre, à l’Odéon puis à la Monnaie à Bruxelles. En 1816, elle perd un fils de cinq ans, qu’elle nomme Olivier dans ses poèmes, né d’une liaison avec un comédien.

Elle se marie en 1817 avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit Valmore dont elle aura trois enfants.

Seul, Hippolyte Valmore, lui survivra ; sa fille Ondine compose des poèmes et des contes avant de mourir à l’âge de 31 ans. On la surnommera “Notre Dame des pleurs“. 

Marceline publie en 1819 son premier recueil de poèmes, « Élégies et Romances », qui attire l’attention et lui ouvre les pages de différents journaux tels que le « Journal des dames et des modes », « l’Observateur des modes » et « la Muse française ». Par la suite, ses ouvrages les plus importants sont les « Élégies et poésies nouvelles » en 1824, « les Pleurs » en 1833 , « Pauvres fleurs » en 1839 et « Bouquets et prières » en 1843. Toutes ces œuvres, dont le lyrisme et la hardiesse de versification sont remarqués, lui valent une pension royale sous Louis-Philippe et plusieurs distinctions académiques. Elle donne aussi des nouvelles et compose des Contes pour enfants, en prose et en vers.

Son instruction limitée est compensée par son grand travail d’autodidacte. Honoré de Balzac, qui admirait sincèrement son talent et la spontanéité de ses vers, « assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples » lui écrivait en avril 1834 en parlant d’elle : « (…) Elle a donc conservé le souvenir d’un cœur dans lequel elle a pleinement retenti, elle et ses paroles, elle et ses poésies de tout genre, car nous sommes du même pays, Madame, du pays des larmes et de la misère. Nous sommes aussi voisins que peuvent l’être, en France, la prose et la poésie, mais je me rapproche de vous par le sentiment avec lequel je vous admire. »

Elle est ainsi considérée comme une poétesse ayant joué un rôle majeur dans l’évolution de l’écriture par Paul Verlaine, qui déclare :

« Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement […] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles […] » On lui sait gré d’avoir introduit des formes nouvelles : « […] Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres […] » Son personnage romantique d’autodidacte dont la vie malheureuse aurait nourri une sensibilité féminine n’est pas non plus étranger à ce succès.

Charles Baudelaire s’intéresse plus à la personne qu’aux vers quand il affirme :

« Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme », suivi en cela par toute une tradition au XXe siècle.

Influences

Première en date des poètes du romantisme, une des plus grandes poétesses depuis Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, en dépit d’une prolixité intermittente, est un précurseur inattendu des maîtres de la poésie française moderne : Rimbaud et surtout Verlaine.

On lui doit l’invention de plus d’un rythme : celui des onze syllabes et la genèse de « Romances sans paroles ». Cette femme prétendument ignorante était une savante méconnue. Au surplus, elle fut la marraine indiscutable de « muses » de la fin du siècle : Anna de Noailles, Gérard d’Houville, Renée Vivien, Cécile Sauvage, Marie Noël. Son importance n’a fait que croître avec le temps : elle reste encore à découvrir.

1 https://www.franceculture.fr/emissions/la-piece-jointe/chroniques-de-la-revolte-des-canuts-par-marceline-desbordes-valmore

2Julien Clerc les séparées

3 La poétesse exprime donc bien son amour dans son œuvre. On l’a vu, ce sentiment est traité de manière élégiaque en prenant la forme d’une lettre de rupture durant laquelle la poétesse se plaint de sa séparation. Cependant, ce poème exprime aussi un amour paradoxal. La poétesse évoque son passé heureux et un amour encore bien présent mais synonyme de souffrance et de mort.

4 Marceline fut inspirée par quelques vers du Jardin des Roses (ou Golestan), du poète persan Saadi qui disait adorer ce poète. Il apparaît pour la première fois dans un recueil posthume, les Poésies inédites en 1860 (éditeur Gustave Révilliod). Yves Bonnefoy évoque les roses du jardin de Douai, ville natale de la poétesse ; ainsi que la traversée de l’Atlantique le navire essuya une forte tempête

1.La source d’inspiration de Marceline Desbordes-Valmore dans Les Roses de Saadi semble son amour ardent pour un homme dont elle n’a jamais voulu parler

Séries d'articles : Danse théâtre spectacles animations culturelles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top