skip to Main Content

Évènements associatifs

Ernest Hemingway une triste fin 

à écouter l’émission Histoire de voir …

Tout le monde connaît Ernest Hemingway. D’abord c’est un Prix Nobel de littérature, on l’a donc rencontré par la lecture, mais aussi au cinéma où une quinzaine de films ont été tirés de ses livres, ou par sa vie d’aventurier, d’homme engagé dans son siècle et dans le combat antifasciste qui lui porteront tort à la fin de sa vie, on le verra en fin de l’article, il fut harcelé par la CIA et sa chasse aux sorcières, névrotique contre les communistes.

Cela sert de prétexte à cette émission, grâce à une interview faite par Marc Fourny du Point, auprès de Gérard de Cortanze, qui vient de publier un nouvel ouvrage intitulé Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de la mer (Albin Michel), et qui nous éclaire sur la triste fin de vie d’Ernest Hemingway.

A l’époque l’utilisation de séances d’électrochoc était à la mode, faisant fi des conséquences ravageuses sur les patients. On pense à ce film de Milos Forman, de 1975 Vol au-dessus d’un nid de coucou, décrivant l’univers et les méthodes utilisées dans les hôpitaux psychiatriques dans ces années 1960. Petite anecdote dans le titre original en anglais, le terme « cuckoo », a comme premier sens le coucou, désigne également en argot une personne mentalement dérangée, à l’image des patients de l’hôpital psychiatrique où se situe l’intrigue. 

De Coucou à coco (muniste), Edgard J Hoover ne faisait pas la différence ……….

Ce grand voyageur, était un colosse aux pieds d’argile avec une santé fragile. Il souffrait de dépression, cherchant le réconfort dans l’amour, l’amitié, la proximité avec ses semblables, mais aussi l’alcool. Ses engagements politiques, ses passions amoureuses, son goût pour la tauromachie, la chasse, la pêche, une forme de virilisme, ditait-on de nos jours, ne servait-elle pas à masquer cette fragilité ?

Ernest Hemingway nous a livré à travers ses livres, un roman de son siècle, ballotté entre guerres, révolutions il ne fut pas simplement un passionné de phrases, il fut un acteur de ces combats, rappelant ainsi le cheminement d’un Jack London qui avait comme lui l’humanité au cœur et la passion de la lutte contre l’injustice. De nombreux points communs qu’il serait peut-être bon d’étudier davantage un autre jour.

Alors pourquoi pas aujourd’hui une émission consacrée à Ernest Hemingway témoin de ce siècle et des combats qui l’ont traversé, des écrits s’appuyant sur ses propres expériences de vie il a marqué par son style aujourd’hui encore les métiers de journalistes d’écrivains qui parfois se confondent et peuvent s’en inspirer Apprenons à mieux le connaître.

L’adieu aux armes !

Ernest Hemingway 1918 Italie

Ernest Hemingway (Ernest Miller Hemingway pour l’État-Civil), sans doute le plus lu des écrivains américains du XXe siècle. Il est né le 21 juillet 1899 à Oak Park (Illinois, États-Unis). Il est le deuxième d’une famille de six enfants,élevé dans des valeurs religieuses strictes . Sa mère est musicienne et son père, médecin à Chicago. Il l’initie dès sa petite enfance aux rites de la chasse et de la pêche lors des vacances familiales passées dans un chalet d’une région encore sauvage du Michigan. En 1916, lycéen il participe activement aux disciplines sportives (Canoë, Boxe,…) et publie déjà deux petits contes dans le journal de l’école. Il rêve de devenir écrivain.

Il débute dans le journalisme. Après l’engagement des USA dans la Première Guerre mondiale, , il tente de s’engager en Avril 1917 mais est refusé à cause d’une blessure à l’œil. Il s’engage dans la Croix Rouge et sera envoyé comme ambulancier sur le front italien. Il y est grièvement blessé aux jambes par les tirs de l’artillerie autrichienne en juillet 1918. Transféré à l’hôpital de Milan, il tombe amoureux d’une jeune infirmière, Anna Von Kurowski, qui le repoussera mais lui inspirera le personnage de Catherine Barkley dans son futur roman, L’Adieu aux armes.

Paris est une fête

Gertrude Stein (Picasso)

De retour aux USA, il se marie avec Elizabeth Hadley Richardson son amie d’enfance. Il devient correspondant du Toronto Star et le Star Weekly à Paris et fréquente les américains de la “Génération perdue” installés dans la capitale française pendant les Années folles.

De Francis Scott et Ella Fitzgerald en passant par Ezra Pound avec lesquels il fréquente l’appartement du 27 rue de Fleurus, de Gertrude Stein qui y reçoit dans la tradition des salons du XVIIIe siècle l’avant-garde du monde entier, les peintres comme Picasso, Braque, Matisse, le Tout-Paris artistique et les étrangers de passage surtout les Américains.

 

Parmi eux évidemment Ernest Hemingway qui voyage dans toute l’Europe.  Il fait même à propos des guerres Greco- turque une interview de Benito Mussolini. Sa femme donne naissance à leur premier enfant, John en 1923. La même année, sort son premier ouvrage intitulé Hommes sans femmes, ce qui ne semble pas être son cas, puis l’année suivante Cinquante mille dollars. Il abandonne alors le journalisme et retourne à Paris pour suivre Pauline Pfeiffer, journaliste plutôt mondaine (elle travaille pour Vogue et Vanity Fair), avec laquelle il se mariera en 1927.

                                                                                                                                                                                                                          Hadley Ernets John

1929, si pour beaucoup c’est l’année de la Grande dépression ; pour Ernest Hemingway, elle sera marquée par deux événements. Le premier c’est le suicide de son père, qui le touchera profondément, le second la parution de son ouvrage, L’adieu aux armes, roman inspiré de son expérience de la guerre. Le livre est un immense best-seller et qui le fait connaître dans le monde entier, lui assurant l’aisance financière. Le roman sera porté deux fois à l’écran.

D’abord en 1932, un film réalisé par Frank Borzage, joué par Gary Cooper et Helen Hayes quand au deuxième ce sera en 1957, tourné par Charles Vidor, avec Rock Hudson, Jennifer Jones et Vittorio de Sica. Une version plus hollywoodienne mais en cinémascope tout de même. Cette notoriété lui permet de voyager partout, utilisant ses rencontres, ses voyages comme matière pour ses ouvrages. En Espagne, il découvre la tauromachie mais aussi l’île de Cuba et l’Afrique voyages dont sortiront des livres que nous connaissons tous.

Pour qui sonne le glas ?

Martha et Ernest en Chine 1941

En 36, nouvelle rencontre amoureuse, avec Martha Gellhorn, qu’il épousera en 1940. Attachés à leur indépendance, ils vivront chacun de leur côté. Martha est une journaliste, correspondante de guerre et écrivaine américaine. Elle a couvert tous les grands conflits mondiaux du XXe siècle, de la guerre d’Espagne à l’invasion du Panama en 1989 par les États-Unis. Cette même année il publie les neiges du Kilimandjaro, porté en 1952 par Henry King avec Grégory Peck et Ava Gardner, fruit là aussi de ses voyages, rencontres, expériences en Afrique.

En Espagne il côtoie André Malraux, collabore au film de Joris Ivens, Terre d’Espagne, et qui donne matière à Pour qui sonne le glas. Un roman, lui aussi porté à l’écran par Frank Borzage avec Gary Cooper déjà présent pour la première version de l’adieu aux armes et l’actrice Ingrid Bergman. 

Un roman ou Hemingway alias à Gary Cooper venu combattre aux côtés des républicains lors de la guerre d’Espagne, est chargé de faire sauter en Castille un pont défendu par les fascistes, afin de couper la route à l’armée franquiste. Il tombe amoureux de Maria, Ingrid Bergman, une des résistantes du groupe dirigé par Pablo et sa femme Pilar.

En 1940, il fait l’acquisition de Finca Vigia, à Cuba (l’écrivain y résidera une vingtaine d’années, la maison aujourd’hui est devenue le Musée Hemingway).  A la Havane, il crée une petite organisation paramilitaire, la “Crook Factory“, destinée à traquer les nazis présents sur l’île. Il patrouille lui-même sur son bateau de pêche baptisé El Pilar”, en souvenir de l’héroïne de son livre sur la Guerre d’Espagne, accompagné de son fidèle capitaine Gregoria Fuentes qui sert plus tard de modèle au héros du vieil homme et la mer.

En 1944, il couvre comme Correspondant de guerre le débarquement des Alliés en Normandie et la Libération de Paris, et libére le bar du Ritz avec une douzaine d’hommes de la Deuxième Division Blindée.

Il rentre ensuite à Finca Vigia pour épouser Mary Welsh en 1946, qu’il a rencontré à Londres à cette époqueEn 1950, il publie Au-delà du fleuve et sous les arbres et en 1952, son livre le plus célèbre: Le Vieil Homme et la mer, composé sur le modèle épique du Moby Dick d’Herman MelvilleLe Vieil Homme et la mer lui vaut successivement le Prix Pulitzer 1953 et le Prix Nobel de Littérature 1954. Cette reconnaissance internationale n’apaise toutefois pas l’auteur qui est de plus en plus malade, et sombre dans l’alcoolisme.

En 1960, il retourne aux Etats-Unis où, souffrant à la fois de diabète, de dépression et de perte de mémoire, il est admis deux fois dans une clinique psychiatrique qui le soigne à coups d’électrochocs. Le 2 juillet 1961, Ernest Hemingway se suicide d’un coup de fusil dans son châlet de Ketchum (Idaho).

Le Vieil Homme et la mer

Ernest Hemingway

Mais que lui reproche la CIA et le FBI ? Suivant Gérard de Cortanze qui vient de publier le livre il ne rêvait plus que de paysages et de Lions chez Albin-Michel, ils ne l’ont pas assassiné au sens propre ils l’ont poussé à bout et à mener au suicide, en le traquant sans relâche. Ils l’ont accusé d’être communistes, alors que Hemingway très impliqué dans la guerre civile espagnole côté républicain, donc des rouges a certes écrit des articles de soutien aux combattants antifranquistes, il a participé à des conférences, achetées des ambulances pour les combattants, il a donné asile aussi aux réfugiés, et pendant la guerre de 39 45, a même signé une pétition critiquant le FBI, la qualifiant “d’anti libérale et de dangereux”.

Il le dit lui-même : « Je ne suis pas communiste mais antifasciste ! ».

On lui reproche aussi ses relations avec Fidel Castro, hors si il a beaucoup de sympathie pour Castro qui se bat pour la liberté, il n’adhère pas forcement au nouveau régime mais par contre sa critique contre l’intransigeance du gouvernement américain lui font dire : 

 Espérons que les Américains vont faire tout leur possible pour essayer de donner pour la première fois leur chance aux cubains. Je prie le ciel que les États-Unis ne stoppent pas le rachat de sucre ce qui serait la fin de tout… Cela reviendrait à faire cadeau de Cuba aux Russes »

déclare-t-il à la presse après la prise de pouvoir des castristes. De la lucidité tout simplement. Rappelons ici que 64 ans après la Révolution cubaine les USA mettent toujours l’île sous embargo.

Non content d’agiter l’anticommunisme, ils vont même lui reprocher d’être en lien avec la mafia, par ses relations notamment avec Ava Gardner, ami de Frank SinatraCet acharnement contre cet homme dépressif, alcoolique souffrant des yeux des reins nostalgiques de sa vie de sa vie à Cuba finit par accepter des séances d’électrochocs,qui le détruiront. La première séance a lieu en décembre 1960, la seconde en 1961 quelques semaines avant sa mort. Dans les lettres qu’il écrit à sa femme Marie Hemingway constate qu’il perd la mémoire, le goût, la force d’écrire qu’il n’entend plus la « rumeur du monde ».

Toujours d’après Gérard de Cortanze, Hemingway pensait être traqué jusqu’au sein de la clinique, craignant même que des internes soient des agents déguisés du FBI, nourrissant ainsi sa paranoïa. C’est ainsi, comme son père avant lui, il va se suicider en juillet 1960, avec un fusil de chasse, mettant ainsi fin à la vie de cet écrivain qui malgré sa maladie a écrit son dernier chef-d’œuvre Paris est une fête qui paraîtra en 1964 preuve de toute sa puissance créatrice encore à l’œuvre.

 

Blocus de Cuba : pour la 32e fois, La Havane [...] - Association Cuba Coopération France

15 films tirés de ses livres ont été adaptés au cinéma1

 

 

Séries d'articles : Histoire de voir ... histoires au pluriel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top