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Une lecture de Tamango le roman de Prosper Mérimée, lecture présentée par nos amis Martine et Bertrand dans le cadre de l’émission de radio le Guide du Bordeaux colonial.

Martine Descoubes et Bertrand Gilardeau

Chaque mois ils partent à la découverte d’un auteur ayant pris position contre ou pour l’esclavage. On est pas au bout de nos surprises, bonnes ou mauvaises. Une chose est que la littérature au delà des qualités strictement littéraire, véhicule aussi les idées dominantes de leur temps.

Introduction à la lecture de Tamango

Pourtant il y a toujours des exceptions, des personnalités qui ont des fulgurances, des bases humanistes et fraternelles en contradiction avec leur époque.

C’est la cas pour Prosper Mérimée, né le 28 septembre 1803 à Paris et mort le 23 septembre 1870 à Cannes, qui est issu d’un milieu bourgeois et artiste.

Prosper Mérimée fait des études de droit avant de s’intéresser à la littérature et de publier dès 1825 des textes, en particulier des nouvelles, ce futur académicien (élu en 1844) fut aussi un écrivain (on lui doit quelques chefs d’œuvre comme le livret de Carmen mis en musique par Bizet, La Jacquerie *, Mattéo Falcone ou Colomba et bien sur Tamango. Ecrivain, historien, et archéologue ami de Viollet Leduc avec lequel il travaille à la restauration des Monuments Historiques (la base les répertoriant s’appelle Mérimée d’ailleurs), il fut aussi un homme politique aux convictions laïque et se positionnera contre l’esclavage, thème du roman Tamango.

Ecouter les extraits de Tamango par Martine Descoubes et Bertrand Gilardeau

Extraits de Tamango

La Jacquerie de Prosper Mérimée

La Jacquerie
  • La Jacquerie a pour sujet la révolte paysanne de 1358, à l’époque de la guerre de Cent Ans. Le pouvoir royal est faible, une grande partie du territoire est sous domination anglaise et les grands féodaux, tels les multinationales d’aujourd’hui, privilégient sans vergogne leurs propres affaires à l’intérêt national. La pièce de Mérimée n’est pas l’histoire, fort complexe, des soulèvements paysans d’alors mais elle en restitue l’esprit et les enjeux sociaux. Lorsqu’il l’écrit, à vingt-cinq ans, Mérimée est un adepte d’une sorte de “réalisme romantique”, plus proche de Stendhal que de l’emphase propre à Victor Hugo, ce qui se retrouve dans son style. Passionné par les mécanismes de la vie politique, il excelle à montrer le dessous des situations et à en dévoiler le déroulement. La pièce fait comprendre que l’action des révoltés ne peut aboutir dans la mesure où ils ne sont pas capables d’imaginer les possibilités d’action des féodaux. Ils ne connaissent que leur petit monde et se divisent vite lorsqu’ils croient avoir acquis quelque chose. Il leur manque la compréhension en profondeur des mécanismes du pouvoir. Une vision à long terme. Etrangement oubliée dans les diverses éditions des œuvres de Mérimée, cette pièce qui se lit comme un roman, est d’une étrange modernité.
    • Les événements liés au mouvement des “gilets jaunes” lui ont redonné toute son actualité. Notre future déambulation autour des révoltes populaires à Bordeaux parle des Jacqueries de 1358. (A suivre).
  • La préface d’Aragon (qui date de 1947) la replace dans le contexte politique et social de son temps et dessine cet horizon historique nécessaire à la réussite de tout mouvement social.

Tamango au cinéma par John Berry

Le film ici

Quelqu’un qui doit bien s’amuser dans l’autre monde, c’est Prosper Mérimée. Lui qui ne croyait pas à grand’chose et qui affectionnait en littérature une certaine froideur de sentiment et de ton, le voilà devenu, grâce au cinématographe, cosignataire d’un ouvrage lyrique, généreux, passionné.

Dison-le net : chez Mérimée, Tamango n’est guère sympathique. Vendeur d’esclaves, embarqué de force sur un négrier à la suite d’une beuverie, il n’excite ses compagnons d’infortune à la révolte que pour rentrer en possession de sa femme, la jolie Ayshé. La mutinerie réussit, mais Tamango se révèle incapable de faire manœuvrer le vaisseau. Seul rescapé de l’aventure, il devient cymbalier dans la fanfare d’un régiment anglais. Mais le rhum et le tafia mettent rapidement fin à ses jours.

Il ne reste absolument rien de cette histoire dans le film mis en scène par John Berry (1). Tamango, ici, est paré de toutes les vertus. Fier, noble, chaste, courageux, désintéressé, éloquent, c’est le héros pas excellence. La rébellion qu’il fomente à bord du négrier est celle d’un homme justement épris de liberté pour lui et ses frères de couleur. Et si, contrairement à ce qui se passe chez Mérimée, cette rébellion échoue, si le capitaine Leroux (qui d’ailleurs dans le film ne s’appelle pas ainsi) demeure maître de son navire en faisant massacrer les noirs à coups de canon, ceux-ci n’en sont pas moins finalement les vrais vainqueurs du conflit puisque, comme l’a dit Tamango, ” on ne vend pas les morts “.

Au fond, beaucoup moins qu’à Mérimée, dont la caution littéraire me paraît ici complètement superflue, c’est à tous les films traitant d’une mutinerie en mer que ce Tamango se réfère. De Potemkine aux admirables Pêcheurs de crabes japonais, la liste en est longue. Trop longue et trop brillante pour que le film de John Berry ne pâtisse pas de toutes ces comparaisons possibles. Bornons-nous donc à dire que Tamango est un film d’aventures pareil à beaucoup d’autres, sur lequel vient se greffer, comme un ornement plutôt que comme une nécessité, le beau thème de la liberté.

Par JEAN DE BARONCELLI Publié le 31 janvier 1958 Le Monde

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