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Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras

Septième roman de notre série « littérature contre le colonialisme », un roman de Marguerite Duras : un barrage contre le pacifique, est paru en 1950 aux éditions Gallimard.

Il s’agit d’une histoire familiale, d’inspiration autobiographique, qui se déroule dans le contexte colonial de l’Indochine des années trente. Le milieu décrit celui des colonisateurs riches et pauvres mais unis dans la négation et le mépris des populations locales.

Marguerite Duras est une écrivaine quasi iconique en France, que faut-il retenir d’elle ?

Marguerite Duras lecture dé coloniale

Sa vie effectivement ressemble à un roman de Duras elle-même. On peut lire d’ailleurs à ce sujet la très réussie biographie de Laure Adler parue en 1998. Retenons rapidement que Duras est le nom de plume de Marguerite Donnadieu, qu’elle est née à Gia Djnh ( près de Saïgon) alors Indochine française en 1914 et qu’elle est morte à Paris en 1996. C’est donc une enfant des colonies dont les parents sont instituteurs.

Marguerite Duras restera en Indochine jusqu’en 1933, avec quelques séjours plus ou moins longs en France pour ses études. Son premier roman publié en 1943 s’intitule les imprudents, mais c’est avec un barrage contre le Pacifique qu’elle est reconnue en tant qu’écrivain.

Son œuvre est multiple et on peut dire qu’elle renouvelle le genre romanesque, mais qu’elle est aussi novatrice dans le domaine du théâtre, de la poésie du journalisme et du cinéma…elle sera un figure essentielle de la vie
intellectuelle française, également engagée politiquement.

 

Et donc dans quelle mesure son enfance en Indochine est elle essentielle dans son œuvre ?

Car cette enfance est très prégnante dans l’œuvre de Marguerite Duras, comme en témoignent les très nombreux récits qui explicitement ou implicitement ont un rapport avec l’Indochine. Citons par exemple l’amant bien sûr son roman le plus lu, ou l’amant de la chine du Nord.

Cette enfance coloniale est encore plus singulièrement présente dans le roman qui nous intéresse aujourd’hui ?

En effet : l’Indochine est le cadre du récit, les relations entre coloniaux et « indigènes » en sont un élément central, le sujet du conflit également car dans la réalité Marie Donnadieu, sa mère, a réellement abandonné la carrière d’institutrice pour acquérir cette fameuse terre le long du Pacifique qui s’avérera dans le roman comme dans la vie inexploitable pour les travaux agricoles….Par ailleurs, Marguerite Duras voulait dans ce roman dont elle sera toujours fière, magnifier la figure de la mère, son courage : à sa lecture, la mère n’y verra que l’histoire d’une famille monstrueuse : « C’est une infamie, je vous ai tous aimés » dira-t-elle ! avec une totale incompréhension.

Un barrage contre le pacifique est donc l’un de ses romans les plus autobiographique. Comment le colonialisme est-il dénoncé dans le texte ?

Marguerite Duras lecture dé coloniale

Il faut d’bord se rappeler que Marguerite Duras a été recrutée au ministre des colonies et qu’elle co-signe en 1940 , avec Philippe Roques, L’Empire français, une commande de propagande du ministre des Colonies Georges Mandel, qui affirme la « supériorité de la race blanche ». Marguerite Duras désavouera ensuite ce livre et démissionne du ministère des colonies en novembre 1940.

Dans le roman cependant les rapports d’exploitation des coloniaux envers les locaux comme entre coloniaux eux-mêmes selon le statut social de chacun sont dénoncés façon féroce.

 

 

Peut-on dire alors que ce livre est un texte engagé et militant de l’anti colonialisme ?

Il faut peut-être relativiser un peu cette affirmation : il apparait d’abord que ce roman raconte une histoire familiale et les interactions entre les trois membres de cette famille très fusionnelle tant dans l’affection que dans le rejet. Le colonialisme y apparait plus comme le cadre spatio temporel du récit et agit comme révélateur plus que comme un thème du texte.
Celui-ci est par ailleurs déjà également un objet littéraire singulier, révélateur de ce fameux « style durassien ». Il n’empêche qu’à la lecture du texte le lecteur comprend parfaitement la réalité du système colonial, avec ses abus administratifs et la malhonnêteté des promesses de la société coloniale, la toute puissance des coloniaux qui se comportent de façon quasi naturelle comme les maitres du pays et des habitants, et la hiérarchie stricte de rapports
sociaux figés, dans lesquels les personnages sont enfermés quelle que soit leur volonté d’en sortir.

Nous vous proposons, d’abord un court résumé, puis quelques extraits qui nous semble significatifs de ce roman qui finalement expose le récit de la désillusion indochinoise, très loin du discours tenu 10 ans plutôt par MD.

Un barrage contre le Pacifique de MARGUERITE DURAS résumé : 

Dans le sud de l’Indochine française, en 1931, une veuve vit avec ses deux enfants, Joseph et Suzanne (20 et 16 ans) dans conditions de vie déplorables. La mère engage son énergie comme ses revenus à protéger ses terres des grandes marées du Pacifique qui noient ses impossibles récoltes. Les enfants tentent d’échapper à ce piège, Joseph à travers une relation adultère avec une riche coloniale, Suzanne travers un hypothétique mariage.

Lorsque la mère meure, Suzanne s’en va avec son frère vers la ville tandis que celui-ci distribue des fusils aux indigènes pour qu’ils se vengent de l’administration…

Pour le choix des extraits, nous avons privilégié les passages traitant de l’Indochine coloniale plutôt que des événements narratifs du récit voir la série littérature contre le colonialisme 

extrait 1 : “où la mère choisit l’Indochine” 23-25

2 : “où certains colons font fortune” 62-64

3 : “le destin des enfants” 117-118

4 : “la ville coloniale des riches »167-169

5 : “la ville coloniale des pauvres »171

6 : “où Suzanne découvre un autre monde »185-186

7 : “le prix d’une piste »244-245

8 : “où les enfants ne comptent pas »330-331

Séries d'articles : Littérature contre le colonialisme

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