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Évènements associatifs

Salon histoire et patrimoine présentation du livre

de la valse des ronds points au cahiers de la colère

En r’venant du Salon histoire et patrimoine 2024

Petit compte rendu de notre rencontre du dimanche 1er décembre sur « les mouvements sociaux d’hier et d’aujourd hui » à partir de nos deux livres, présentés par Pierre Robin pour les Révoltes populaires en Aquitaine du Moyen Age à nos jours » et Jean Pierre Lefèvre pour « de la valse des ronds points au cahiers de la colère ». 
Un grand merci à Bernard Larrieu l’âme de ces rencontres, et à toute l’équipe organisatrice du salon 

Comme vous l’a présenté Pierre Robin dans le livre sur les révoltes populaires en Aquitaine, nous aboutissions à la dernière grande révolte populaire contemporaine, celle des gilets jaunes. Et là nous en étions les témoins directs. 

C’est donc les 16 et 17 novembre 2022 que nous avons organisé pour la suite un colloque au musée d’Aquitaine mais aussi aux Archives Départementales de Gironde pour le quatrième anniversaire du soulèvement, pour et avec les gilets jaunes girondins.

Pour votre compréhension, nous nous sommes situés, Pierre et moi-même, comme des observ…acteurs, sympathisants du mouvement, ce qui nous a permis de réunir dans ce colloque, les acteurs de la révolte des gilets jaunes, des chercheurs, des artistes, et bien évidemment des historiens de la question sociale afin d’analyser et étudier “à chaud” cette histoire, et ne pas laisser la parole aux seuls observateurs et autre experts, qui bien souvent volontairement ou pas, confisquent l’histoire populaire, qui comme chacun le sait est écrite par les vainqueurs.

Hasard ou pas, notre rencontre avec Magali Della La Sudda, directrice de recherche au CNRS, chercheur·ses à Sciences Po Bordeaux, nous a permis de réunir des analyses, des témoignages multiples donnant ainsi à ce livre une dynamique multiple et équilibrée.

L’ouvrage se présente en trois actes

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Le premier acte regroupe tout d’abord ceux du colloque.

Il reprend le travail de nombreuses équipes universitaires locales et nationales, de citoyens, de citoyennes investi.es et d’élus de terrain. Je citerai les enfants du pays, Daniel Barbe le maire de Blasimon et président de l’association des maires de Gironde, et Céline Goeury Conseillère départementale du canton Créon.

Nous sommes donc en pays de connaissances aujourd’hui dans ces rencontres d’Histoire et Patrimoine au lendemain du 6è anniversaire du soulèvement..

Hasard disais-je plus haut, car ce mois d’octobre 2022 a été le rdv de notre notre colloque, mais aussi, le choix politique fait par le Département de la Gironde, toujours le seul aujourd’hui en France à avoir ouvert ses Archives Départementales aux chercheurs. 

Samuel Noguera, prépare sa thèse de doctorat sur ce dépouillement pour sa thèse de recherche dirigée par Nicolas Patin, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bordeaux Montaigne, en lien avec l’équipe de Magali. Le Département de Gironde finance ces recherches autour des cahiers de doléances.

Hasard des dates certes, mais a l’origine d’avoir éaccès à ces cahiers repose sur la demande citoyenne de gilets jaunes de les voir être consultable et dépouillés. Le colloque en a donc dessiné et déjà bien appréhendé les premiers contours liés à ces recherches. Nous y reviendrons plus tard.

L’acte second, aborde lui trois thèmes de réflexion portés et vécus par les gilets jaunes sous forme d’ateliers :

Les débats autour de la démocratie, des violences, la répression policière, juridique et les convergences sociales. Ils retracent ainsi les échanges, les témoignages de gilets jaunes avec des chercheurs, philosophes, historiens, anthropologues, syndicalistes, qui ont à des degrés divers participer à ce mouvement, mettant en évidence la chaîne et l’entrecroisement des gilets jaunes comme un continuum avec les mobilisations précédentes : les nuits debout, les mobilisations contre la loi travail, puis celle des retraites.

Cette lutte puissante, originale aussi bien dans la forme que dans le fond, renvoie aussi aux révoltes populaires anciennes, jacqueries révoltes des croquants et à la Révolution Française évidemment en s’inscrivant dans les grands combats contre l’inégalité sociale qui génèrent les mêmes colères. Colères dont la récurrence et la violence répondent à celles des dominants, d’hier et d’aujourd’hui.

Son originalité sur la forme, sa persistance et sa durée répondsont à la hauteur d’une crise de régime et d’un système montrant par sa violence son isolement social, sauvé par larrivée du COVID .

Enfin dans le troisième acte qui n’est pas le moins inintéressant, pour nous, au-delà de l’analyse et de ses pertinences, c’est d’avoir donné la parole aux Gilets Jaunes. Et ils l’ont pris pour nous dire leur vérité.

Comme celle sur la place des femmes Gilets Jaunes, place discrète dans les manifs puis qui a évoluée pour s’affirmer dans le temps, un mouvement porteur de parole, de vie, de démocratie et de respect de la parole partagée.

Le mot famille est important, pour les participants. La notion n’était pas réductrice au contraire. On l’intégrait volontairement cette famille qui cassait les codes et les barrières sociales traditionnelles, ouvrant la boîte de dialogue, toujours dans le respect d’opinion même si parfois elle était borderline.

Nous y trouvons aussi les témoignages de gilets jaunes en direct, parfois de simples récits, souvenirs, impressions, comme des analyses explicites sur leur expérience.

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La culture était présente sur les ronds-points. D’abord l’apparition et le retour du drapeau bleu blanc rouge, qui a choqué bon nombre d’habitués à battre le pavé. Le retour du bonnet phrygien et de la guillotine, bref la Révolution Française semblait toujours vivante dans les classes populaires et reprenait sa place dans la rue, portée par cette armée de gilets jaunes.

D’ailleurs les maires des communes ne s’y sont pas trompés en engageant le processus des cahiers de doléances, ouverts rappelons-le évidemment aux gilets mais aussi à tous les citoyens. Une opération que tenta de dévoyer le Président de la république.

Pourtant on constate que les deux publics portaient les mêmes aspirations.

N’oublions pas les fameuses cabanes des ronds-points, constructions symboliques portées par l’énergie et les savoirs faire et les compétences du groupe, en les élevant comme des totems identitaires. Certains en ont fait leurs châteaux, pendant que d’autres érigeaient des tours Eiffel. 

Profitant du retour à l’ordre, les cabanes furent démontées pour gommer, j’allais dire les dégommer et effacer les traces de ces créations collectives. Ce n’est pas un hasard !

Pour le gilet jaune adopté, si il s’identifie culturellement à une couleur liée à la trahison, (Judas, où les syndicats jaunes, voir même de la papauté), ce repère symbolique tout de même intéressant. 

Certains parlent de retournement inconscient des stigmates, et la couleur assumée, revendiquée, a voulu marquer la rupture avec les codes de couleur plus traditionnels et déjà pris , le noir, le rouges ou le vert déjà confisqué par les habitués des manifestations citadines. Une fois affirmée pour soi, cette couleur, les gilets jaune ont ouverts leur palette à toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel.

On retrouve alors dans les manifestations bordelaises, une forme d’agrégation progressive entre le peuple des campagnes ou de la péri-urbanité avec les laissés-pour-compte et la jeunesse de la Cité..

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Les traditionnels rassemblements, au départ de la place de la Bourse, haut lieu originel de la richesse bordelaise, puis l’inévitable volonté de passer par la rue Sainte-Catherine symbole de la rue commerçante, vitrine de toutes les tentations commerciales dont sont privés beaucoup d’entre les manifestants, pour s’achever dans la douleur devant la Mairie, que certains, je cite Philippe Poutou, nomme encore le Parlement, un rappel là aussi outre son aspect frondeur,celui de l’esprit d’autonomie Autant de survivance des autres révoltes populaires. Manifestations joyeuses, carnavalesques, avec ses chansons, ses costumes, ses personnages, ses mots d’ordre et la volonté de s’affranchir, de s’approprier l’espace et un temps de partage, riche en fraternité, j’allais dire d’entre-soi familial. 

En toute innocence, ce peuple jaune va découvrir, d’abord sidéré, puis révolté la violence qu’il subit, le mépris qu’on lui réserve quand il crie sa détresse et demande plus de justice sociale. Le livre en fait témoignage aussi, grâce aux photos des manifs bordelaises n’est pas que, vous pourrez peut-être vous y retrouver.

En résumé un ouvrage, comme nous le disions en introduction, qui se veut une mémoire vivante et instructive. Il prolonge ainsi celui sur les révoltes populaires, en donnant là toute sa place aux acteurs de soulèvement. 

Le livre n’a rien perdu de son intérêt. Bien au contraire, car comme disait un ancien président : 

                           «  il faut laisser le temps au temps, », rien ne nous empêche de l’’accélérer.

La question du dépouillement des cahiers de doléances est plus que jamais à l’ordre du jour car rien n’a changé depuis 2018, cela a même empiré, accentuant le délabrement du régime, et comme souvent dans ces moments d’histoire est annonciateur de changements sociétaux d’ampleur. Comme le disait Vladimir :   « les faits sont têtus. »

Mais où en sont les cahiers de Doléances aujourd’hui ?

Si les ronds-points entrent dans l’Histoire, leurs colères est toujours là. De petits groupes vivotent et continuent à porter la flamme. Du RIC le Référendum d’Initiative Citoyenne, à l’ouverture et l’accès aux cahiers de doléances qui sont toujours placardisés dans les Archives Départementales, et qui continuent semble-t’il à hanter la conscience (mauvaise) des pouvoirs en place.

Rappel : 2019 – Emmanuel Macron ouvrait un Grand Débat national, et enjoignait les maires à ouvrir, dans chaque mairie, un cahier de Doléances, certains ne l’avait pas attendu.

On a recensé plus de 200 000 contributions rédigées sur 19 899 cahiers de doléances qui n’ont jamais été publiés.

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Un film documentaire, Les doléances réalisé en 2023 par Hélène Desplanques avec la participation de Fabrice Dalongeville, maire d’un petit village de l’Oise, vont prendre la route pour aller à la rencontre de plusieurs protagonistes ayant participé à des titres divers au mouvement. Il faut noter que beaucoup de ces témoins ont communiqué et participé à notre colloque et vous les retrouverez dans le livre de la valse des ronds points aux cahiers de la colère.

Le film programmé par FR a été à plusieurs reprises déprogrammé deux fois, et garde son actualité.

La dissolution de Juin a repoussé l’ouverture des cahiers, avec le forcing de Marie Pochon députée EELV

On peut pourtant se référer au travail de restitution de l’équipe de Magali Della Sudda en Gironde, et l’on comprend ce qui dérange si fort les gouvernants.

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Les contributions révèlent que les citoyens mettent en avant deux thèmes principaux : la justice sociale (55,7%) et la démocratie (41,4%) sous la forme d’une citoyenneté qu’elle soit civile politique ou sociale, on peut noter que 6 % du corpus se positionnent pour mieux contrôler les « privilèges » des parlementaires et autres élu.es.

La justice sociale (55,7%). C’est le thème des services publics (14%) qui insiste sur leur disparition dans l’espace public, au profit de plate-forme numérique injoignable.

La fiscalité (13%) du corpus qui fait l’objet de son caractère injuste favorisé par Emmanuel Macron qui l’a illustré en supprimant l’ISf, (impôt de solidarité sur la fortune) tout en réduisant « en même temps » les APL pour les étudiants.

La transition écologique, est liée directement à la question des transports, de la mobilité, les énergies, la santé etc. ce qui constitue 13,2% du corpus avec des mots et des phrases s’y référant dans ce thème.

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Les doléances de la démocratie (41,4%). La démocratie représente « 14,2 % » de cet item, prolongé par des réflexions sur la démocratie (7,9%) abordant des questions tout à la fois sur l’Institution que sur les pratiques avec le fameux RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne), et on l’a vu une critique sur les privilèges des élus. La souveraineté nationale est une préoccupation qui apparaît dans 4,3 % des réponses. 

Quant à la sécurité au sens général du terme, elle ne touche que (2,9%) des réponses, celui d’immigration » dans ( 7 %) et la laïcité (1%) du corpus. Il serait donc intéressant de pouvoir à l’échelle du pays connaître les principales préoccupations de nos concitoyens sachant que leur domaine d’attente sur la justice sociale avec une politique écologiste juste et ambitieuse et la démocratie au cœur de ses cahiers de doléances d’après les conclusions de l’étude de Magali Della Sudda du 27 octobre 2024.

Et pour conclure cette intervention il n’y a pas pire sourd que celui de celle qui ne veut pas entendre. 

Par exemple Marie-Claire Carrère-Gée chargée de la Coordination gouvernementale dans le gouvernement Michel Barnier en charge de ce dossier, elle répond à ce sujet dans le JT du 20 novembre dernier sur la 2, qui a,consacré un reportage sur le devenir des cahiers de doléances : « qu’il faut l’actualiser pour prendre en compte la sécurité et l’immigration peut présent il y a cinq ans ». 

Je cite dans le texte :

« ce serait une erreur de se limiter à une expression qui a été faite il y a cinq ans pour garder le sujet on sait très bien que se sont des sujets de préoccupations énormes aujourd’hui »

Circulez, il n’y a rien à voir…….

« En même temps » Marie-Claire Carrère-Gée née au déburt des années 1960 à Pau, est une haute fonctionnaire, nommée ministre déléguée secrétaire générale adjointe de l’Élysée sous la seconde présidence de Jacques Chirac après avoir été sa conseillère sociale. Elle a été présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi

Elle est élue de Paris depuis 2008 : conseillère de Paris (de 2008 à 2014 et depuis 2018), conseillère régionale d’Île-de-France (de 2004 à 2010 et de 2021 à 2023) et conseillère de la métropole du Grand Paris (depuis juin 2020). Elle est élue sénatrice de Paris en septembre 2023. (source Wikipédia). Une carrière qui symbolise à elle toute seule la colère des gilets jaunes et la rupture tout à la fois des besoins et des propositions populaires avec ceux et ceux qui les dirigent.

Décidement si le mouvement GJ semble éteint que ces Messieurs Dames se méfient (et ils se méfient) car comme le dit le vieux proverbe chinois :

« une étincelle pourrait à nouveau mettre le feu à toute la plaine »

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