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Ferdinand Buisson (1841-1932)

Ferdinand Buisson, 1841-1932, philosophe pédagogue et homme politique français, Co-Prix Nobel de la Paix en 1927, avec Ludwig Quidde.

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Après ces élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, le “barrage républicain” a semble t’il été en partie efficace, mais rien n’est joué encore. 

La période estivale, l’actualité sportive et les tensions internationales n’offrent guère de sérrenité pour trouver des solutions démocratiques et raisonnées à cette crise de régime. Plutôt que de vous assénner de grands discours, voici une citation de Ferdinand Buisson, (1841-1932), philosophe pédagogue et homme politique français, Co-Prix Nobel de la Paix en 1927 (avec Ludwig Quidde), un des fondateurs de l’école dite républicaine et qui nous donne son point de vue et nous invite à y réfléchir. Une reflexion que PourQuoiPas avait déjà porté dans son projet Res Publica sur une histoire de la laïcité à l’école ….. retour aux sources 

“Le premier devoir d’une République est de faire des républicains ; et l’on ne fait pas un républicain comme on fait un catholique. Pour faire un catholique, il suffit de lui imposer la vérité toute faite. Le maître a parlé, le fidèle répète. Il a été dit un catholique ; mais on pourrait tout aussi bien dire un protestant ou un croyant quelconque […]. Toute éducation cléricale aboutit à ce comportement : croire et obéir, foi aveugle et obéissance passive […].

« Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit (un enfant, un adolescent, l’homme le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès de travail) et lui donner l’idée qu’il peut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef quel qu’il soit, temporel ou spirituel.

Est-ce qu’on apprend à penser comme on apprend à croire ?

Croire, c’est ce qu’il y a de plus facile ; et penser, ce qu’il y a de plus difficile au monde. Pour arriver à juger soi-même d’après la raison, il faut un long et minutieux apprentissage ; cela demande des années, cela suppose un exercice méthodique et prolongé. C’est qu’il s’agit de rien moins que de faire un esprit libre. Et si vous voulez faire un esprit libre, qui est-ce qui doit s’en charger sinon un autre esprit libre ? Et comment celui-ci formera-t-il celui-là ? Il lui apprendra la liberté en la lui faisant pratiquer […]. Il n’y a pas d’éducation libérale là où l’on ne met pas l’intelligence en face d’affirmations diverses, d’opinions contraires, en présence du pour et du contre, en lui disant : Compare et choisis toi-même ! ».

Ferdinand Buisson, est agrégé de philosophie en 1868, il refuse de prêter serment à l’Empire et s’exile en Suisse comme professeur à l’Académie de Neuchâtel. Issu d’un milieu protestant revivaliste 1, il évolue vers le christianisme libéral et fonde l’Union du christianisme libéral qui prônait un Évangile « sans dogmes, sans miracles et sans prêtres ».

Il demande que l’enseignement de l’histoire sainte soit mis en dehors du programme des écoles primaires, et soit remplacé par une histoire de l’humanité. Dès l’instauration de la IIIe république, il revient en France. Il participe aux activités sociales et prend la direction de l’orphelinat du 17ème arrondissement, premier orphelinat laïque.

L’inspirateur des lois scolaires de Jules Ferry

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Il est nommé en 1871 Inspecteur de l’enseignement primaire à Paris par le Ministre de l’Instruction publique de Thiers, Jules Simon. Cependant la décision est rapportée après les vives attaques de Mgr Dupanloup.2

Jules Ferry le nomme Inspecteur général de l’Instruction publique et, en 1879, Directeur de l’enseignement primaire. Ce confident parmi les plus intimes de Jules Ferry a élaboré « tous les projets de lois, tous les règlements, toutes les circulaires » de cette réforme.

Pour beaucoup de républicains, le problème du XIXe siècle français est clair : qu’est ce qui a manqué à la Révolution pour ne pas réussir à établir un régime libéral, une démocratie stable ? Ferdinand Buisson fait sienne la réponse d’Edgard Quinet : « la rupture politique révolutionnaire ne s’est pas accompagnée d’une rupture religieuse. » et s’insère dans cette perspective : « le seul moyen de tuer [politiquement] le catholicisme, c’est de faire plus et mieux que lui »

Il fonde la Revue pédagogique, le Musée pédagogique et obtient la création des ENS de Saint Cloud et de Fontenay-aux-Roses, dont la mission à l’époque est de former les maîtres des Écoles normales d’instituteurs.

Il dirige la publication d’un vaste Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire où l’on peut lire : « aujourd’hui la plupart des principes pédagogiques proclamés par les protestants sont devenus comme la propriété générale des peuples civilisés ».

En 1896 il est titulaire de la chaire de pédagogie de la Sorbonne.

Républicain, pacifiste et engagé

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Dreyfusard de la première heure, il participe à la création, en France, de la Ligue des droits de l’homme en 1898, dont il sera Président de 1913 à 1926.

Il fait aussi une carrière politique, comme député radical socialiste entre 1902 et 1919.

Pacifiste (il a participé au Congrès de la Ligue internationale de la Paix qui s’était donné comme but la création des États-Unis d’Europe), il soutient dès le début la SDN. Il se consacre aussi au rapprochement franco-allemand surtout après l’occupation de la Ruhr en 1923, en invitant des pacifistes allemands à Paris et en se rendant à Berlin. Il reçoit en 1927 le prix Nobel de la Paix, et distribue cette récompense à ses « fils adoptifs », les instituteurs de France, afin qu’ils puissent travailler au rapprochement des peuples par l’éducation des enfants.

Et féministe

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Il plaide, pour une « République sociale », avec une « refondation de l’école laïque comme école démocratique ». Il incite les instituteurs à ce que leur « classe soit une petite République » et dénonce « la sélection par l’argent » .

Un des derniers combats de Buisson, président de la « Commission du suffrage universel » dans la législature 1906-1910, a été de soutenir une proposition de loi favorable au vote des femmes, non pas à toutes les élections (ne soyons pas fous !!!), mais du moins aux élections municipales et cantonales.

Il insiste sur le « retard » de la France dans ce domaine. Les féministes le remercient au nom de leur « sexe paria »3.

En revanche, le journal de son propre parti, le parti radical, La Démocratie sociale écrit (31 août 1913) :

« M. F. Buisson -qui est un poète- veut absolument faire voter les femmes (…) Mon curé est heureux. Si les femmes votent, il sera le premier de sa liste aux élections municipales. Tous les curés attendent ce moment avec impatience ».

L’argument de la laïcité, le reproche de naïveté et d’irréalisme vont être utilisé contre le suffrage des femmes jusqu’à ce que le Gouvernement Provisoire de la République Française instaure le suffrage universel en 1944.

La France est un des derniers pays démocratiques à l’avoir établi, alors que l’on a si longtemps enseigné le contraire, qualifiant significativement d’«universel» le suffrage masculin. 

1 Musée protestant > XIXe siècle 

2 Félix Dupanloup, (1802 – 1878), est un prêtre catholique français, théologien enseignant, journaliste, prélat et homme politique inspirateur de la Loi Falloux et défenseur de l’enseignement catholique

3 Marie Anne Hubertine Auclert, (1848 -1914), est une journaliste, écrivaine et militante féministe française qui s’est battue en faveur de l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote

Séries d'articles : Arbres de la laïcité

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