Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Vu ce film dramatique de Bille August, Palme d'Or au Festival de Cannes 1988, ce samedi soir.
avec Max von Sydow, Erik Paaske.
J'avais déjà croisé le film à sa sortie au Gaumont Opéra. Projection troublée par des événements extérieurs à la séance. Nous avions dû évacuer la salle pour cause d'attentats (alertes à la bombe à l'époque très fréquentes à Paris), bref peu de sérenité.
L'impression était celle d'un film fort mais dont j'avais oublié un peu le sens et la puissance.
Cette fois ci pas d'excuse.
Et ça commence fort. D'abord la condition d'étranger du père et du fils s'impose dès les premières minutes du film et l'on va suivre leur dégringolade sociale, d'immigrés suédois, sans droit si ce n'est celui de vendre leur force de travail en terre danoise.
Bien plus que la misère, c'est un monde d'humiliation sans espoir solide si ce n'est celui de travailler sous les ordres d'un contremaître au service d'un ordre féodal ou l'individu n'existe que par son posiitonnement social et bien sûr si vous êtes riche …..
Cette oppression, ces injustices, cette misère et ces tyrannies sexuelles, d'une société patriarcale ou la religion dicte ses lois et répand son intolérance sont autant de raisons de ne pas avoir la nostalgie de cette fin du XIXè siècle.
Mais le film n'est pas qu'un brûlot social. Il est aussi axé sur la relation entre père et son fils.
Faiblesse du père lié à l'âge mais aussi à son acceptation de l'ordre existant.
Faiblesse renforcé par son inculture et sa méconnaissance de la langue danoise.
Difficile de briser ses chaînes devant l'oppression du quotidien, oppression acceptée et partagée d'ailleurs par les familles de la ferme.
Quelles alternatives ?
La révolte, scène magnifique où Eric tente de tuer le contremaître et qui s'achève accidentellement, ruinant toute velléité de résistance collective des paysans.
La folie, porte de sortie de cet univers carcéral pour Eric, la boisson pour le père.
Seul, la fuite de Pelle qui prend là son envol, suivant son rêve partager avec le pauvre Eric de découverte du Monde. Il refuse ainsi de devenir à son tour un servant de ce système. Préférant rompre avec lui quitte à abandonner son père dans ce vieux monde.
Magnifique hommage aux immigrants de tous pays, déchirant leurs propres racines, éternels voyageurs.
Bon se coup ci je l'ai vu et il rejoint dans mon Panthéon cinématographique.
1900 de Bernardo Bertolucci (1976),
l'Arbre aux sabots d'Ermanno Olmi (Palme d'or à Cannes 1978)
et Andréï Roublev d'Andréï Tarkowski Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes 1969), films liés à des périodes et pays différents à cette si dure condition et réalité paysanne dont nous sommes issus.
Bille August est un réalisateur de cinéma danois né le 9 novembre 1948 à Brede au Danemark.
Bille August a adapté au cinéma plusieurs romans danois, dont Smilla et l'amour de la neige de Peter Høeg et Pelle le Conquerant, inspiré du livre de l'écrivain Martin Andersen Nexø. Avec le second, il a obtenu la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1988 puis le Golden Globeet l'Oscar du meilleur film étranger l'année suivante. Les Meilleures Intentions, portrait de jeunesse des parents d'Ingmar Bergman (écrit par le cinéaste lui-même) lui a valu une seconde Palme d'or cannoise en 1992.
Il a été membre du jury du Festival de Cannes 2002.
Max von Sydow est un acteur né le 1 avril 1929 à Lund, en Suède. Il obtient la citoyenneté française en 2002.
Il doit sa notoriété dans l'histoire du cinéma principalement au début de sa carrière, grâce à Ingmar Bergman dont il est alors un des acteurs fétiches, notamment dans Le Septième Sceau où il incarne un chevalier existentiel du XIV è siècle de retour des croisades en pleine épidémie de peste, et qui joue sa vie aux échecs avec la Mort.
Sa notoriété lui ouvre les portes des cinématographies européennes, puis hollywoodienne. En vieillissant, son physique n'a rien perdu de son âpreté tourmentée, mais ses interprétations n'ont pas retrouvé sa fièvre initiale, hormis quelques rares films comme La Mort en direct de Bertrand Tavernier en 1980 ou Pelle le conquérant de Bille August en 1987. En 1975, il est choisi pour jouer le tueur à gages froid et opportuniste qui doit abattre « le Condor » (Robert Redford) dans le film Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack. Son jeu d’acteur, remarquable, renforce le rôle de Redford et l’atmosphère oppressante qui pèse sur le film. En avril 1997, il épouse la documentariste française Catherine Brelet en Provence.