Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Aux origines de Chocolat et du prochain dossier du mois de Mars 2014 sur les clowns.
Entre dresseurs d'animaux, jongleurs, théâtre forain les bouffons dans les grandes foires ou rassemblement du Moyen Age, avaient comme fonction de distraire le grand public pour attirer le chaland en l'amusant dans les stands forains.
Guignol, Comédia dell Arte, ces personnages grotesques et caricaturaux relaient, modernisent, organisent ces personnages.
Les «Pierrot et Colombine » allait modifier l'approche et leur donner une toute autre consistance.
En chantonnant « Au clair de la Lune, mon ami Pierrot …. , en revoyant « les Enfants du Paradis », en lisant le livre de notre amie Bénédicte Rivière * http://talent.paperblog.fr/6750212/arlequin-charlot-guignol-et-cie-benedicte-riviere-et-gerard-dubois/
ça y est je vous sent prêt et dans l'ambiance.
Étymologie du mot clown ?
A première vue il est d'origine anglaise. Mais pas seulement. Nos cousins germains ont un mot, klöne, sigifiant « homme rustique, balourd » issu d'un mot désignant une « motte de terre ».
En anglais, c'est « clod ou clot » ayant la même signification et par extension désignant « un paysan, un rustre ». et devient au XVI e Siècle dans le théâtre le nom d'un « bouffon campagnard ».
Le personnage donc du clown naît en Angleterre au XVIII e Siècle simultanément avec le Cirque. On emploie les garçons de ferme « bouffons campagnards » mal habillés, lourdauds, patauds, benêts pour mettre en avant la légèreté et la grâce des écuyers, bref en opposition à la « noblesse » des cavaliers.
Cette image va évoluer bien sûr. On comprend bien que le rire qui se déclenche est un rire pas si innocent que cela.
A l'origine du mot du paysan provient du latin « pagus » et qui a la même racine que «païen ».
Tiens donc !
On peut donc ainsi rire du païen de celui qui n'est pas dans la société, celui qui n'est pas soi……. Quoique ????
Les enfants du Paradis
Et c'est bien là l'origine du rire sur Chocolat.Le sujet est bien là. La négritude de Chocolat est à mettre en parallèle avec le paganisme.
L'un supplante l'autre dans l'inconscient de l'époque.
Le nègre de l'époque n'est pas dans la Société. Rire de lui, de ses maladresses, de sa « bestialité » de son « infériorité » est bien une catharsis collective permettant aux spectateurs de se libérer, de se purifier de ses propres frayeurs.
On peut ainsi retomber en enfance, les blagues effectuées sont tellement prévisibles qu'elle n’entraîne paradoxalement aucune remise en cause personnelle.
Car ce rire au dépend du plus faible, de celui qui n'est pas nous, de celui qui nous est « inférieur » et sur lequel aucune identification sociale commune n'est possible, renvoi à d'autres rires actuels pas si innocent.
En gros le racisme, le gros mot est lâché, supplante ainsi l'image de repoussoir social précédent dans l'imaginaire du public.
Les numéros de Footit et Chocolat sont en permanence dans cette logique. Chocolat par ses incompréhensions, ses bêtises, son absurdité, accentuées par ses rythmes corporels tellement exotiques repousse le personnage du clown hors du public tout en nous parlant de notre enfance et de notre propre « Innocence ».
Laissons la parole à Jean Cocteau enfant sur sa vision et les rôles des clowns Chocolat et Footit.
Puis un petit clin d’œil au grand Bourvil, illustrant l'humour paysan mais qui avec son talent immense l'a dépasser.
« Footit enchantait les enfants ; il réussissait ce tour de force de plaire aussi aux grandes personnes et de leur restituer l'enfance. L'enfance se trouve de plain-pied avec cette excitation nerveuse des clowns lorqu'ils apprennent une farce nouvelle et décident de l'essayer sur un camarade, avec le ton de gronderie de l'écuyer chef, les refus de travailler, les désobéissances et les fautes de syntaxe. Chocolat nègre stupide en culotte de soie noire collante et frac rouge, servait de prétexte aux brimades et taloches.
Par ses gros mollets nus, ses culottes à pompons, ses cols empesés, sa mèche d'étoupe blonde, son maquillage cruel , la gimace de ses lèvres sanglantes, son chapeau pointu d'où les claques faisaient sortir un nuage de farine, ses corselets de paillettes, sa voix de duchesse folle, bref par un mélange de bébé, de nurse et de grande dame anglaise (sa coiffure tenait de Sarah Bernhart et de la Reine Alexandra), Footit apportait sur la piste une atmosphère de nursery du diable, où les enfants retrouvaient leurs malices sournoises et dont les grandes personnes subissaient la grandeur. »
JEAN COCTEAU, Portraits-Souvenirs (1900-1914, Paris, 1935)
« Je suis né à un âge si Modeste que ça ne vaut peut-être pas la peine de le préciser. Je ne savais pas encore que je m'appellerais Bourvil, ni d'ailleurs AndréRaimbourg.
Dans les mains de la sage-femme, je pesais huit livres, à peine le poids d'un accordéon.
Je suis né dans une ferme, en face d'une Meule de foin.
Il m'en est toujours resté quelque chose. »
"Je fais gratuitement l'imbécile" déclare Bourvil et c'est en incarnant ce rôle de paysan un peu benêt qu’il fait son entrée dans le monde du 7e art. Doué d'un grand talent, Bourvil a jonglé entre rôles comiques et rôles sérieux un peu héritier de ce plouc paysan à l'origine du clown moderne.
Arlequin, Charlot, Guignol et Cie, Bénédicte Rivière et Gérard Dubois
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