Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Le 17 novembre 1917 il décédait, 43 rue Saint Sernin à Bordeaux (actuelle place du parc Gambetta ????), c'est à dire une belle place centrale de notre ville qui n'a pas de nom (avis à nos édiles) et qui pourrait prendre le nom du clown.
Je vous avais déjà présenté son acte de décès. L'officier d'Etat Civil de l'époque remplaçait d'autorité le nom de Chocolat par un plus exotique : Padilla.
Première étape vers l'effacement de l'illustre clown dans l'histoire.
La deuxième est son inhumation dans la fosse commune du cimetière des protestant et des estrangers de Bordeaux.
Un doute m'ayant saisi car il a existé plusieurs cimetières protestants à Bordeaux.
Une chasse à l'os était donc ouverte. (Mauvais humour)
Etait-il dans celui fondé en 1751 et ……. désaffecté en 1889, situé entre le cours Journu-Auber et le cours Saint-Louis (actuel emplacemement de la CPAM de Bordeaux) ?
ou dans l'actuel de la rue Judaïque créé en 1825 ?
La « messe » est donc dite, les restes du clown se retrouveraient logiquement dans la fosse commune du cimetère au 193 rue Judaïque de Bordeaux.
Mais aux dires du gardien du cimetière il ne reste plus rien de la fosse commune tout a été détruit.
Actuellement à la place de cette fosse commune s'élève un modeste jardin des souvenirs au Nord Est du cimetière.
Donc plus de trace de notre cher clown. Disparu à jamais comme des milliers d'autres. Mais les amis du clown sont là pour le rappeler à nos souvenirs.
Du coup je me suis intéressé aux cimetières protestants et juifs bordelais. Il y a de quoi dire.
Un peu d'histoire :
Qu'elles soient juives ou protestantes, les communautés religieuses étrangères établies à Bordeaux ont été contraintes de posséder leur lieu de sépulture, les catholiques ne tolérant pas de les recevoir dans leur propre enclos. **
A Bordeaux comme ailleurs, les protestants avaient pris l’habitude d’enterrer les leurs dans les jardins, dans les cours, parfois en des endroits encore plus invraisemblables comme leurs caves par exemple. Certains couvents les acceptaient anonymement. Pour ceux qui mouraient dans les hôpitaux, leurs dépouilles étaient transportées dans les marais pestilentiels de l’Archevêché (quartier Mériadeck actuel) et déposés dans des fosses improvisées.*
A ma connaissance il y eu plusieurs cimetières protestants à Bordeaux depuis le XVIe siècle.
Le premier, issu d’une initiative privée, date de 1563. Il se trouvait dans le quartier de la rue des Ayres.
Il est remplacé par le cimetière des Estrangers et des Protestants, ouvert en 1769, qui sera désaffecté en 1889. On y a édifié le bâtiment de la Caisse régionale de la Sécurité sociale (80, Cours St Louis) y a été édifié en 1979.
« Aujourd’hui il ne reste aucune trace de ce petit cimetière, détruit en 1965, pour faire place au bâtiment de la Caisse régionale de la sécurité sociale, sinon quelques photos prises au début du siècle et une aquarelle de Fontan, réalisée en 1912. Seules les sépultures de Jean-Philippe Weltner, et Schickler furent déposées rue Judaïque et quelques ossements provenant du cimetière, regroupés dans la chapelle de la famille Johnston, une des plus imposantes de la nouvelle nécropole. On n’a pas pu arrêter le pic des démolisseurs ; s’en suivit la destruction des sépultures, dont certaines élégantes par leur style et la délicatesse de leur décor. Le Musée d’Aquitaine sauva in extremis quelques plaques funéraires, notamment la longue épitaphe écrite en français et anglais de John Viollet, conservée aujourd’hui dans ses réserves. »
Article de Sud-Ouest – 14 septembre 2010 – jeudi 15 mars 2012 par Philippe Landru
Un autre cimetière fut créé par le Consistoire en 1779 au Sablonat, près de la Porte d’Aquitaine. Je ne sais pas ce qu'il est devenu (peut-être situé sur l'actuelle maison de retraite des Sablons)
Pour en revenir au cimetière de la rue Judaïque.
Il est en deux parties. A l'Est, la plus ancienne, sur un terrain plus élevé, un mur le séparant de la partie plus moderne. On y trouve les noms des grandes familles du négoce vinicole, on y trouve la sépulture Ludovic Trarieux, fondateur et premier président de la Ligue des droits de l'homme.
* Une pierre tombale, posée contre le mur du cimetière, témoigne des vicissitudes que connurent les dépouilles des protestants avant l’Edit de tolérance de 1787. L’épitaphe indique effectivement :
Ce n’est qu’en 1869, près de cent ans après les jours de la persécution pendant lesquels la tombe elle-même n’offrait pas asile aux protestants persécutés dans leur foi religieuse qu’il a ete possible à un de ses petits-fils apres avoir _____________restes de les placer enfin dans le champ du repos.
Les cimetières juifs bordelais
Auparavant le plus ancien se trouvait dans le faubourg Saint-Seurin, près du Mont-Judaïque.
Au XVe siècle, les juifs convertis, originaires d’Espagne et du Portugal, eurent le droit d’enterrer leurs morts dans les cimetières des couvents des Augustins, des Carmes et surtout des Cordeliers.
Un premier cimetière dit des portugais fondé le 2 octobre 1724 est situé 105 cours de la Marne (fermé en 1788).
Un second, dit des juifs avignonnais ouvert en 1728 est situé 47 rue Sauteyron. Mais dès 1764 il est nécessaire de trouver un nouvel emplacement.
Ce sera le cimetière israélite de Bordeaux du cours d’Espagne (actuel cours de l’Yser).
1563 – Cimetière de la rue des Ayres (protestant)
1724 – Cimetière dit des portugais (juif)
1728 – Cimetière des juifs avignonnais (juif)
1751 – Cimetière de la rue Pomme d’or (protestant)
1769 – Cimetière des Estrangers et des Protestants, (protestant)
1779 – Cimetière au Sablonat, près de la Porte d’Aquitaine (protestant)
1825 – Cimetière de la rue Judaïque (protestant)
Jean Pierre Lefèvre
recherches sur internet et plus particulièrement sur le site : cimetière de France et d'ailleurs ainsi que d'articles de Sud Ouest sur le sujet