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Pas son genre

Alors là, amis intéressés par la question sociale, la philosophie, l'amour, l'amitié, la culture et la lutte de classes, mais aussi par Robespierre,et Arras, chef lieu du Pas-de calais, son carnaval, les prolos hurlant leur mal de de vivre ou leur joie en chansons alcoolisées, les bises des shampouineuses ou les prof coincés, bref pour toutes ces raisons et bien d'autres sont réunies, ce film est fait pour vous.

Intelligent, émouvant, avec une Emilie Dequenne, Jennifer pétillante, touchante, pleine de grâce et de charme et Clément, Loïc Corbery, réservé, secret, handicapé du sentiment, prisonnier et coincé par l'éducation de son milieu de sa classe sociale.

J'avais déjà apprécié le talent de Lucas Belvaux "38 témoins". Né à Namur, acteur et réalisateur belge, « Pas son genre » m’enthousiasme, cela n'ayant rien à voir avec la loi du genre et encore moins avec les "cht'is" et leur image caricaturale du Nord.

Au contraire, la retenue, les liens fraternels, sont autant de bon points pour ce film sentimental sur fond social qui évite toute caricature.

Emilie Duquenne formidable !Emilie Duquenne formidable !Emilie Duquenne formidable !
Emilie Duquenne formidable !

Emilie Duquenne formidable !

Pas son genre

LA CRITIQUE TELERAMA LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 30/04/2014

Il prend son café aux Deux Magots, le regard pensif, rêvant sans doute d'osmose avec l'âme littéraire de Saint-Germain-des-Prés. Elle, c'est chocolat et tartines dans son HLM d'Arras. On est bien chez Lucas Belvaux, un cinéaste qui aime parler, observer la manière dont les combats de classes se recomposent (La Raison du plus faible, 2006 ; Rapt, 2009) et dont les liens sociaux se délitent (38 Témoins, 2012). On retrouve dans Pas son genre ce regard critique, réfléchi. Mais vivifié par le charme des personnages, sortis d'un roman de Philippe Vilain.

Quand le professeur Clément, muté à Arras, rencontre la coiffeuse Jennifer, ils font connaissance en parlant de ce qu'ils apprécient. Elle sait tout sur l'actrice Jennifer Aniston. Lui, il est incollable sur Kant. Elle a lu Anna Galvada, qu'il connaît « de nom ». Il ne regarde pas la télé, n'a jamais vu Friends, elle croit qu'il plaisante… Ils n'ont « pas les mêmes goûts », comme dit Jennifer. A moins qu'il ne faille l'exprimer autrement : ils n'ont pas du tout les mêmes valeurs, les mêmes attentes. Mais, entre le philosophe et la coiffeuse, les différences n'empêchent pas l'attirance physique de naître, de progresser vers une harmonie amoureuse possible. Ou compromise, si seuls leurs corps parlent le même langage…

L'incertitude enveloppe ces personnages ordinaires sous l'influence des sentiments, des désirs, comme du déterminisme social. Belvaux les accompagne avec délicatesse. Il fait se télescoper sa vivacité à elle (interprétée avec une spontanéité étourdissante par Emilie Dequenne) et sa retenue à lui (un côté éthéré parfaitement rendu par Loïc Corbery), pour sceller une union fragile. Comme au début de toute relation, chacun donne des clés à l'autre pour entrer dans son monde : Jennifer fait découvrir à Clément la boîte de karaoké où elle a ses habitudes, il lui lit les livres qu'il aime.

Pas son genre montre des personnages jetés dans un labyrinthe où, malgré leur envie de se connaître, ils courent sans cesse le danger de se méconnaître. Jennifer est-elle aussi simple que ses passe-temps ? La seule complexité de Clément est-elle celle que reflètent ses lectures ? Pendant le carnaval d'Arras, les voilà tous deux perdus au milieu des masques. Eux-mêmes prisonniers de ceux dont ils héritent à cause de leur métier, de leur statut social ou de leur façon d'aimer. En les montrant aux prises avec ces carcans, Lucas Belvaux touche une réalité dure, sans renoncer à la générosité de son regard. — Frédéric Strauss

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