Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Tout le monde connait le pied de nez infligé aux Nazis par Jesse Owens, glanant quatre médaille d'or au nez et à la moustache d'Adolf.
Cette année 36 connaissait d'autres moments forts.
Si le Front Populaire triomphe en France, le déclenchement du coup d'Etat de Franco pendant l'Olimpiada Popular à Barcelone, marque le début de la Seconde Guerre Mondiale.
Les JO de Berlin sont bien une opération d'enfumage des nazis pour mener leur politique agressive contre les démocraties, qui plient l'échine avec les conséquences que l'on connait.
Pourtant une autre voie était possible.
Revenons au film, "La couleur de la Victoire" de Stephen Hawkings (voir critique)
http://www.telerama.fr/cinema/films/la-couleur-de-la-victoire,510004.php
Dans les années 30, le destin de Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, va basculer avec les JO de Berlin. Mais la vérité est un peu moins manichéenne, car le destin de cet athlète n'a pas été des plus simple dans une Amérique encore et toujours habitée par le racisme.
Le Comité Olympique US est confronté à une campagne pour le boycott des Jeux de la honte qui échoue avec le triomphe d' Avery Brundage (1952-1972), futur Président contesté du CIO après la guerre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Avery_Brundage
Business, intérêts politiques et Droits de l'homme ne faisant guère bon ménage, il ouvre la porte aux JO modernes, révélant l'illusion d'un idéal Olympique au dessus des conflits et de la politique.
Le film n'évite pas ces débats et ce n'est pas pour nous déplaire, tout en humanisant parfaitement la condition et la vie de Jesse, lui aussi "un homme ordinaire au destin extraordinaire", confronté malgré sa popularité jusqu'à sa mort, au racisme.
C'est un homme parfaitement conscient du rôle des limites et de l'utilisation de ses victoires. Son amitié avec le sportif allemand anti-nazi Luz Long, est là pour prouver qu'au delà des frontières, seul nos choix personnels et notre morale individuelle comptent et nous font avancer.
Bref, une belle reconstitution historique de l'époque, sans fausses notes, des crimes antisémites en Allemagne à la ségrégation raciale aux USA y sont bien présentes, ce film va bien au delà d'un biopic.
Revenir à cette année 1936 est important.
Le débat sur le boycott n'était pas limité aux seuls USA, dans le Monde entier il agitait les sportifs. Certains choisirent une autre alternative, sous l'impulsion du mouvement ouvrier et de l'URSS contre les nazis, en participant à Barcelone, aux «jeux olympiques populaires» organisés contre ceux de Berlin.
Le saviez-vous ?
1936 : Barcelone, des «jeux olympiques populaires» contre ceux de Berlin
1936. L'année est olympique. Berlin a été choisi pour accueillir les Jeux Olympiques d'été. Un triomphe pour Adolf Hitler, au pouvoir depuis 1933… En cet été 1936, moins d'un mois avant, des contre-jeux avaient été organisés à Barcelone. Ils devaient y réunir des milliers d'athlètes, mais ils ont été été empêchés par le coup d'Etat du général Franco.
Retour sur cette «Olimpiada Popular».
En 1931, le CIO (comité olympique international) donne les jeux olympiques d’été à Berlin. L’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 et les premières lois racistes de Nuremberg en 1935 ne modifient pas cette attribution. Décision est prise d’organiser des «contre-jeux» à Barcelone en juillet 1936. Le 19 juillet, les premiers coups de feu du coup d’Etat empêchent la tenue de ces Olympiades populaires.
Dans les années 30, les organisations sportives sont souvent politisées. A gauche, où il existe une tradition socialiste d'organisations de mouvements sportifs populaires, on n’hésite pas à dénoncer les Jeux olympiques comme des «olympiades bourgeoises, chauvines et nationalistes». Avec la prise du pouvoir en Russie par les bolcheviks et la naissance de l’URSS, ce «sport rouge» se divise : la réformiste Internationale Sportive de Lucerne (ISL) se sépare de l’Internationale Rouge Sportive (IRS) fondée à Moscou. «A l’époque, il y avait une coupure idéologique dans le sport», confirme André Gounot, professeur d’histoire du sport à l’Université de Strasbourg.
1936.
L'année est olympique. Berlin a été choisi pour accueillir les Jeux Olympiques d'été. Un triomphe pour Adolf Hitler, au pouvoir depuis 1933… En cet été 1936, moins d'un mois avant, des contre-jeux avaient été organisés à Barcelone. Ils devaient y réunir des milliers d'athlètes, mais ils ont été été empêchés par le coup d'Etat du général Franco. Retour sur cette «Olimpiada Popular».
En 1931, le CIO (comité olympique international) donne les jeux olympiques d’été à Berlin. L’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 et les premières lois racistes de Nuremberg en 1935 ne modifient pas cette attribution. Décision est prise d’organiser des «contre-jeux» à Barcelone en juillet 1936. Le 19 juillet, les premiers coups de feu du coup d’Etat empêchent la tenue de ces Olympiades populaires.
Dans les années 30, les organisations sportives sont souvent politisées. A gauche, où il existe une tradition socialiste d'organisations de mouvements sportifs populaires, on n’hésite pas à dénoncer les Jeux olympiques comme des «olympiades bourgeoises, chauvines et nationalistes». Avec la prise du pouvoir en Russie par les bolcheviks et la naissance de l’URSS, ce «sport rouge» se divise : la réformiste Internationale Sportive de Lucerne (ISL) se sépare de l’Internationale Rouge Sportive (IRS) fondée à Moscou. «A l’époque, il y avait une coupure idéologique dans le sport», confirme André Gounot, professeur d’histoire du sport à l’Université de Strasbourg.
Arrive la victoire nazie de 1933 en Allemagne. Moscou décide de changer de politique et abandonne en 34 la stratégie «classe contre classe», consistant à interdire aux communistes de s’allier aux sociaux-démocrates, au profit du «front uni contre le fascisme» qui aboutit à la victoire des Fronts populaires en France et en Espagne en 1936.
Barcelone perd les JO au profit de Berlin
Réunifié, le mouvement sportif ouvrier décide d’organiser une «olympiade populaire» à Barcelone, qui fut candidate malheureuse contre Berlin en 1931. «La ville comptait d’importantes infrastructures sportives », note André Gounot. De plus, la ville était très ouvrière. Une façon aussi de revenir sur l’échec de Barcelone face à Berlin. Echec qui avait une raison politique. Une partie des décideurs olympiques avaient, en effet, peu apprécié la chute de la royauté espagnole au profit de la république au point que «les représentants du CIO espagnols ont refusé de défendre la candidature de Barcelone», précise André Gounot, auteur d'un livre sur Les mouvements sportifs ouvriers en Europe (1893-1939) (Presses universitaires de Strasbourg).
«Un comité international pour le boycott des jeux fascistes est créé : le Comité international pour le respect de l’idée olympique. En France, la nouvelle fédération sportive de gauche (FSGT) lance le slogan: "Pas un sou, pas un homme pour les JO de Berlin!"», rappelle le site educpopdebout. Après la victoire du front populaire en Espagne, début mai, la Generalitat de Catalogne fixe le programme de l'«Olimpiada Popular» et le Comité d'organisation de Barcelone envoie en juin les invitations officielles. La cérémonie d'ouverture est fixée au 19 juillet 1936.
6000 athlètes sont au rendez-vous. Les délégations les plus importantes sont espagnoles et françaises, mais les sportifs viennent du monde entier, URSS et USA compris. La plupart des sportifs sont membres d'associations et de clubs sportifs syndicaux ou bien de partis de gauche. Peu appartiennent aux comités sportifs publics ou olympiques. En France, quelques fédérations sportives autorisent néanmoins leurs membres à participer à ces contre-jeux comme celle d’athlétisme, de rugby ou de lutte.
La suite :
Une amitié entre Luz Long et Jesse Owens au delà des frontières et des racismes.