Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
C'est chouette d'avoir des amis, camarades, anciens collègues qui viennent vous rendre visite.
On se redécouvre, on égrène des souvenirs, en évitant de penser ou de dire du mal de ceux ou celles que l'on a croisé, qui nous ont forcément déçu, trahi, bref penser en positif et se rendre compte que dans nos petites vies de travailleurs, la relation a l'autre nous a procuré certes des peines mais aussi des joies, des rires, des remises en cause salutaires et l'apprentissage de la tolérance.
Merci donc à la "copine" Sylvia on dirait maintenant amie (influence FB) pour sa visite qui nous a replongé dans notre passion commune le cinéma.
Ensemble nous animions le Ciné Club du CIC à Paris, héritiers, passeurs de cette grande idée issue de la Résistance, prolongeant l'œuvre du Front Populaire, impulsée par le Ministre Jean Zay* créateur du Festival de Cannes, idée de développer pour le faire connaître et débattre de cinéma dans le monde du travail, en organisant des projections, des rencontres avec les comédiens, réalisateurs, techniciens auprès de ce public.
J'ai retrouvé un article que j'avais écrit en 2005 comme témoignage de notre militantisme cinématographique confronté aux nouvelles technologies naissantes et à la difficulté de maintenir notre mission, cherchant toujours des moyens d'attirer un public.
Si vous êtes curieux, vous verrez ainsi ce que l'équipe inventait pour cela.
Le saviez vous ?
C'est notre ciné club qui a eu l'idée d'organiser des séances le dimanche matin et de relancer la projection de court métrage à la première séance en organisant les séances "café court, croissants" au cinéma le Balzac et au Max Linder.
Mon vrai bonheur est de voir que le ciné club continue à vivre grâce à une nouvelle équipe qui a repris le flambeau pour maintenir son existence.
Bravo à Laurence, Alain et Sylvia pour cela et de leur action militante, "contre vents et marées".
* A lire le livre de Gérard Boulanger sur ce grand républicain, haï par l'extrème droite, assassiné par la Milice parce que jeune, parce que de gauche, parce que juif.
Un peu d'histoire
La Naissance
L'association C'est du Cinéma a été crée le 27 juillet 1955 sous l'égide du Comité d'Entreprise de la Banque CIC. Elle témoigne de l'engouement du public pour le cinéma et correspond à la multiplication des ciné-clubs en ville, en entreprise animés par des militants syndicaux amoureux du 7ème Art.
Le succès est au rendez-vous plus car l'association va comptée plus de 300 adhérents dans l'entreprise. Coordonnée avec la Fédération Française des Ciné-clubs (FFCC), un véritable réseau des ciné-clubs interbancaires se met en place en permettant ainsi la réciprocité des séances pour leurs adhérents.
Ne possédant pas dans l'entreprise une salle de projection, l'association va traverser les années 60 en organisant dans des salles de cinéma du 9ème arrondissement des projections hebdomadaires.
Le développement
Les évènements de 68 et une politique d'embauche dans les banques vont apporter progressivement du sang neuf et assurer une relève des animateurs de l'association dans l'entreprise.
Dans les années 70 le quartier voit fermer progressivement ses salles de cinéma.
Parallèlement le personnel du CIC quitte la Capitale pour résider en banlieue loin des salles où le ciné-club organise ses activités.
La crise
L'apparition dans les années 80 du magnétoscope va amplifier le phénomène et bouleverser les rapports du public avec le cinéma.
Une formule avec le Studio 43 rue du fg Montmartre qui fermera ses portes en 1987. A titre d'exemple nous organisions pour la saison 1986/87 dans cette salle, 20 séances, avec des films comme 1984:
E la nave va, Tron, Paris Texas, Vivement dimanche, la ballade de Narayama, le Bal etc.
Malgré la qualité de la programmation nous n'avions plus qu'une trentaine d'adhérents (l'adhésion à l'époque était de 80 F par an). Cette lente érosion saison après saison semblait inéluctable, malgré ces tentatives de changement de programmation.
Parallèlement nous avions de plus en plus de mal à pouvoir assurer une programmation annuelle. L'association fut à deux doigts de fermer la porte durant cette saison.
La renaissance Mais il y a toujours des rencontres heureuses.
La renaissance
En 1988, le Max Linder, nouvel arrivant sur les Grands Boulevards, la première salle rénovée, seule salle conçue autour de son écran, allait modifier la donne. Rencontre avec une équipe de cinéphiles comme Jean-Jacques Zilbermann (metteur en scène de "Tout le Monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes" et de l'Homme est une Femme comme les Autres"), Brigitte Aknin (directrice du Festival de Marakech), Vincent Mekli (Directeur de l'Alliance Française à Londres) et Dominique Herrenfried (Directrice des salles UGC), issus eux mêmes du mouvement des ciné-clubs au PTT et devenu les animateurs de la salle qui deviendra mythique dans les années 90 sur les Grands Boulevards.
Notre association allait changer son orientation en proposant à ses adhérents des avant-premières et autres évènements cinématographiques. La nouvelle formule rencontra tout de suite don public (près de 150 personnes).
La mise en place par Francine Zilbermann de "Paris Ciné les Ecrans Indépendants", réseau de salles de cinéma indépendantes, allait nous permettre de proposer à nos adhérents une offre très large de films et de salles de cinémas indépendants.
Le développement
Depuis nous avons programmé plus de 100 séances de cinéma en s'ouvrant ainsi à de nouvelles salles comme le cinéma le Balzac dans le 8ème, les 7 Parnassiens dans le 14ème, les 5 Caumartin dans le 9ème , l'Espace Saint Michel dans le 5ème.
Nous avons créé les matinées court café croissants. Un public est né ce qui a entraîné progressivement l'ouverture des salles de ciné à 11 h le dimanche matin.
L'organisation en 1994 d'une matinée du court métrage allait entraîner un effet de mode ailleurs ; régulièrement nous invitons des réalisateurs, des comédiens des professionnels du cinéma.
Avec la collaboration de l'Espace Saint Michel, se mettent en place depuis deux saisons des soirées complètes consacrées au cinéma. Une formule du vendredi soir ou nous invitons des musiciens, le réalisateur, des comédiens suivi de la projection d'un film et d'un buffet.
En nous associant à d'autres nous co-organisons des Festivals comme celui du Saint Michel ou celui des 7 Parnassiens du 16 au 22 octobre.
L'actualité
En nous diversifiant, en nous associant avec d'autres structures, en travaillant avec plusieurs salles, nous cherchons dans l'esprit des initiateurs de notre association à défendre un cinéma de qualité, de toute provenance, pluraliste tout en respectant les goûts et les choix du plus grand nombre de nos adhérents.
Notre association est impliquée dans cette défense. Elle a appelé ses adhérents à signer la pétition contre la fermeture envisagée du cinéma Le Champollion.
Elle a dénoncé la mise en place des cartes illimitées comme UGC, Gaumont qui allait tuer les petites salles et ainsi réduire l'offre aux spectateurs.
Elle adhère à la charte de Résistance 7ème Art (www;R7art). Bref le cinéma c'est la vie c'est pour quoi la vie c'est aussi du cinéma.
Nos Présidents
Pierre Corneau Président fondateur 1955 – 1981
Guy Trier Président 1981-1986
Jean-Pierre Lefèvre 1986 à ce jour
Publié le 28 février 2005