Histoire de voir … histoires au pluriel
24 octobre 2023 à 13h00 au 24 octobre 2025 à 14h00
Cinéma :
Bon au départ une polémique sur l'affiche et le contenu du film dans notre beau pays et sa tolérance bien connue.
La dénonciation de la pédophilie dans l’Église reste, malgré la volonté du Pape François, un interdit.
Pourtant !
Au nom du fils (extraits)
C'est sur ce terrain qu'il faut voir ce film dramatique. Mais on hésite alors entre la comédie, avec « la vie est un long fleuve tranquille » caricature de cette bourgeoisie catholique du Nord, obsédée dans la version soft (la mère) par la certitude de la foi, ou guerrière par le père participant à des entraînements paramilitaires au nom d'un Christ Roi, survivalistes menacés et angoissés de voir leurs certitudes vaciller.
Puis la tragi-comédie à la « Louise Michel » et la vengeance de la mère pratiquant la loi du talion au nom de sa vision religieuse face au silence de l’Église protégeant ses prêtres pédophiles.
Drame et comédie ou le rire est à la fois présent, grinçant, dérangeant mais ce n'est pas l'essentiel.
C'est plutôt un film de réflexion sur l'embrigadement et l'omerta (religieux ou pas) qui touche ce type de groupe fanatisé. L'individu est sacrifié, ici « au nom du fils » ou du parti, patrie ou de la communauté dans d'autres.
Que de crimes sont on été et sont faits au nom de « l'Amour », "de la Foi" (terrible discussion sur la notion de la Vérité entre la mère et l'évêque).
Le film nous déroute dans sa construction même, nous ouvrant des pistes, puis nous entraîne sur d'autres chemins. Le fil conducteur c'est Élisabeth (Astrid Whettnall extraordinaire), dans ses doutes et de la voir sortir de son idée de vengeance primaire, pour se libérer de ses idées totalisantes et du fanatisme.
Une fin superbe ou la Vie reprend le dessus entre les Êtres et la Nature.
Ce n'est pas "qu'un" film belge à l'humour décalé et grinçant, dans le désert cinématographique actuel, c'est un film qui nous interpelle au sujet de l'enferment dans nos croyances et la place de l'Individu dans ce Monde moderne.
Et ce n'est pas là son moindre défaut.
LA CRITIQUE TELERAMA LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 07/05/2014
En bon Belge, Vincent Lannoo carbure à l'humour noir, adepte du « documentaire » trash, façon C'est arrivé près de chez vous. Il a signé une comédie macabre, Les Ames de papier (2013), avec Stéphane Guillon en rédacteur d'oraisons funèbres. Réalisé juste avant, Au nom du fils joue sur le même registre parodique et provocant.
Elisabeth, grenouille de bénitier à serre-tête, jumelle de la mère Le Quesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille, dispense la bonne parole sur les ondes d'une radio catholique belge, pendant que, à son insu, son charmant mari participe aux entraînements d'une milice paramilitaire intégriste. Elle tombe des nues quand monsieur se fait sauter la cervelle par mégarde et que son fils l'imite, après avoir avoué son amour pour le curé. La mater dolorosa, en légitime crise de foi, se lance alors dans une sanglante chasse aux « brebis galeuses ».
Sous le vernis de la farce acide, le film dénonce un tabou et un fléau : la pédophilie dans l'Eglise et l'omerta qui l'accompagne. En prêtre opportuniste, vivant aux crochets de ses ouailles fortunées, Philippe Nahon est, comme souvent, effrayant de bonhomie perverse. — Jérémie Couston
Jérémie Couston
-
Réalisation : Vincent Lannoo Scénario : Vincent Lannoo, Philippe Falardeau et Albert Charles
Distribution: Astrid Whettnall, Zacharie Chasseriaud, Philippe Nahon, Achille Ridolfi, Albert Chassagne-Baradat, Jacky Nercessian, Lionel Bourguet