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Évènements associatifs

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Aline Chazal Gauguin, la fille de Flora Tristan eut aussi une vie bien remplie. Beaucoup moins heurtée que sa mère, une personnalité fort appréciée de son entourage, emplie des rêves de sa mère, elle a mené une vie indépendante et fidèle aux convictions féministes et républicaines de Flora. C’est la suite du premier article consacré à la descendance des Tristan que nous vous proposons aujourd’hui. Nos recherches nous ont mené inévitablement sur Paul Gauguin et ses couleurs …. Paul était très liée à sa sœur Marie avec laquelle il est resté en contact toute sa vie.

Une famille éclatée mais aux liens toujours très fort, d’un côté ou de l’autre des Océans. 

Aline Gauguin Tristan et son enfance

Aline Chazal à 15 ans

1840 Aline Chazal Tristan à 15 ans d’après un tableau de Jules Laure

Née le 16 octobre 1825, elle est décédée le 7 juillet 1867 à Saint-Cloud (92).  Elle est accueillie dans le Monde par cette déclaration de Flora :

«  Je te jure de lutter pour toi, de te faire un monde meilleur. Tu ne seras ni esclave, ni paria. Comment ? On dit serment d’ivrogne, serment d’amoureuses. Eh bien, les serments faits à ce que l’on vient de créer, à ce qui sort de vous, on doit les tenir … »

Une enfance ballottée ente violences, fuites et pensions. La petite Aline suit sa mère dans ses déambulations. Pendant son long séjour vers le Pérou, en janvier 1833, Flora confie à Mademoiselle Bouzac qui tient la meilleure pension d’Angoulême, sa fille de 8 ans. Elle ne la retrouvera que deux ans plus tard à Paris. Est ce dû à son engagement littéraire de plus en plus politique et féministe ? Flora tient à ce que sa fille apprenne un métier qui lui donnera l’autonomie financière, même modeste.

Le choix pour une jeune fille de l’époque est des plus réduits. Elle apprendra donc la couture, choix qui nous le verrons plus tard sera utile à Aline.

« J’ai fait de mes enfants des ouvriers » écrit-elle fièrement.

Aline est appréciée par l’entourage des relations maternelles. Si elle n’a pas le caractère aussi tranché que Flora, elle en a la beauté. Peut être tient elle sa gentillesse et sa douceur de sa grand-mère Anne-Pierre Laisnay. Elle ne fréquente pas son frère Ernest, sauf lors du drame de 1837 où son père va l’enlever et la contraindre. Le reste du temps, elle est près de sa grand-mère jusqu’à sa mort en 1844 suivant de quelques mois celui de sa mère.

Flora Tristan et Georges Sand

Rapports tendus entre Flora Tristan et Georges Sand

Orpheline à 19 ans, Aline va hériter de l ‘appui des ami.es de sa mère. La féministe Pauline Roland, la conduit à la fameuse pension Bascans, où la fille de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore était surveillante, et celle de George Sand pensionnaire : Aline y trouve un emploi et l’amitié (?), le soutien (?) de Madame “George Sand” , qui n’oublie pas d’être socialement, la baronne Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil dans ses considérations.

« La fille de Flora paraît aussi tendre et aussi bonne que sa mère était impérieuse et colère. Cette enfant a l’air d’un ange ; sa tristesse, son deuil et ses beaux yeux, son isolement, son air modeste et affectueux m’ont été au cœur. Sa mère l’aimait-elle ? Pourquoi était-elles ainsi séparées ? Quel apostolat peut donc faire oublier et envoyer si loin, dans un magasin de modes, un être si charmant et si adorable ? J’aimerais mieux que nous lui fassions un  toit ,que d’élever un monument à sa mère, qui ne m’a jamais été sympathique malgré son courage et sa conviction ? Il y avait trop de vanité chez elle. Quand les gens sont morts, on se prosterne ; c’est bien de respecter le mystère de la mort, mais pourquoi mentir ? Moi je ne saurais…. » 

La messe est dite Georges Sand règle ses comptes post mortem avec Fora Tristan, tout en ne voyant pour Aline qu’une solution : le mariage. Vision bourgeoise et classique du moment, reprise par d’autre ami.es de Flora, jouant à leur tour les marieuses. Heureusement le peintre Jules Laure veillait.

Mariage avec Clovis Gauguin

Jules Laure, en introduisant Aline dans le milieu des écrivains républicains, où son nom attirait l’attention à mesure que la figure de Flora prenait sa dimension mythique, que ses idées se propageaient, il déclenche une rencontre entre Aline et le journaliste Clovis Gauguin. 1

En tout cas, le 15 Juin 1846 a lieu le mariage d’Aline Chazal Tristan avec Clovis Gauguin (1814-1849).

Flora par jugement du divorce a pu, pour elle et ses enfants retrouver son nom de jeune fille. On verra que dans les actes officiels ses enfants conserveront intentionnellement ou pas le nom de Chazal. Sont présents au mariage le peintre Jules Laure, témoin de la mariée, on y trouve aussi l’oncle, Antoine Chazal. 

 Le couple s’installe dans le nouveau quartier au 56 rue Notre Dame de Lorette. Une petite fille y naît le 25 avril 1847, on la prénomme Marie.

Paul Gauguin peint par Jules Laure avant le départ au Pérou

Paul Gauguin peint par Jules Laure

La naissance de Paul le 7 juin 1848, “l’enfant des barricades“, précède l’inauguration le 22 octobre 1848, de la stèle dédiée à sa belle mère, au cimetière de la Chartreuse. Clovis qui a mené la campagne pour son érection doit être présent pour son journal à à Bordeaux.

La seconde République s’impose mais des divisions entre ouvriers et bourgeois aboutissent à une journée des barricades, le 13 juin 1849 menée par l’extrême gauche ouvrière et républicaine à laquelle Clovis appartient, qui sera durement réprimée, les dirigeants poursuivis par la justice, les obligeant à passer à la clandestinité.

Clovis Gauguin journaliste, mari d’Aline

Né le 17 avril 1814 à Orléans (Loiret), Guillaume Clovis Pierre Gauguin est le premier enfant du couple Guillaume Gauguin, marchand épicier, et Madeleine Élisabeth Juranville, marié le 14 avril 1813 à Orléans.

Image dans Infobox.Formé à la politique par Louis-Antoine Garnier-Pagès, qui fut membre du gouvernement provisoire et maire de Paris en 1848, puis du gouvernement de la Défense nationale en 1870 – 1871, Clovis travaille quelque temps au journal Le National. 

Il aurait aussi été marin avant d’être journaliste et, mais l’a t’il rencontrée, vécu à Londres comme journaliste dans le même temps que Flora Tristan qui d’ailleurs reprochait au directeur du National Armand Marrast (1801-1852) de trop fréquenter le futur Napoléon III en exil en Angleterre. Il faut rappeler que le National fut fondé entre autre par Adolphe Thiers en 1830, journal d’abord royaliste, avant de devenir républicain 6 ans plus tard.

Clovis lui, était un républicain sans tâche. Il ne semble pas y avoir rencontré sa belle mère.

A l’âge de 26 ans, (1840), il devient rédacteur en chef de L’Association, journal créé en juillet 1840 à Nevers. Peu enclin à la modération, il est rapidement remarqué par l’administration préfectorale qui note dans ses articles son aversion pour la politique du juste milieu et son appel à la réforme électorale. Son activité de journaliste radical doit heurter rapidement un certain nombre de commanditaires du journal et un an plus tard, il est « débarqué » et rejoint le Pilote du Calvados. Comme dans la Nièvre, Clovis Gauguin ne reste que quelques mois au sein de la rédaction du Pilote du Calvados. 2 

Aline, Clovis et leurs enfants en fuite ….. vers le Pérou

Les activités de journaliste républicain et radical oblige la famille à fuir la répression à se réfugier au Pérou chez l’oncle Pio. Ainsi en a décidé Aline, et il est curieux de noter la fidélité aux engagements de sa mère, en épousant un vrai républicain et en décidant d’aller se réfugier au Pérou.

Il semblerait, d’après l’historienne Dominique Desanti 3 qu’Aline, à la mort de sa mère ait renoué e avec sa famille péruvienne et demandé sa protection. L’oncle Pio aurait proposé à Clovis de l’aider à faire paraître un journal français à Lima.

La famille s’embarque …. non sans qu’Aline n’ait fait, contre l’avis de Clovis, baptiser avant le départ au Pérou, le petit Paul à l’église Notre Dame de Lorette.

La famille s’embarque au Havre, sur le navire « l’Albert », un brick à deux mâts,  navire de commerce, qui vogue vers Callao au Pérou, commandé par un capitaine demi fou, faisant des avances à Aline et dont les querelles ont ébranlé Clovis. D’après un de nos lecteurs cette version est contestable. voir en fin d’article les sources. sur la mort de Clovis.

Port Famine par Durmont D’Urville 1846

A leur arrivée en Patagonie, il longe le Détroit de Magellan, ultime brisure du continent américain avant la Terre de Feu, chenal naturel permettant d’éviter le Cap Horn et ses dangers et remonter vers la cote Ouest du Chili.

Le bateau fait une halte à Punta Arénas. La famille compte aller sur terre mais Clovis est terrassé par une crise cardiaque le 30 octobre 1849. Il décédera sur le bateau et sera enterré à PORT FAMINE, Patagonie (Chili), en face de l’ Île Dawson, laissant seuls Aline et ses enfants.

Dès leur arrivée au port de Callao ils se rendent à Lima et  commencent un séjour de 6 ans à Lima (1849–1855). (voir bio de Paul ici )

La famille accueille Aline. Don Pio est au fait de sa puissance : son gendre, le futur général Echenique, deviendra bientôt en août 1853, président du Pérou. Aline comme l’avait fait sa mère, prend sa place dans cette famille..

Les femmes de Lima

La tapada del Limena femme voilée à Lima

Paul Gauguin se souviendra plus tard : « Ce que ma mère était gracieuse et jolie quand elle mettait son costume de Liméenne ! » , rappelant ainsi Flora qui adorait s’habiller en saya et manto ….

Paul Gauguin au cours de l’une de ses traversées, comme marin, ira plus tard se recueillir sur la tombe de son père. Peut-être en 1865 ou 1866.

Aline demeure 5 ans au milieu des Tristan de Moscoso et ses enfants se sentent très péruviens. L’oncle Pio s’est entiché de sa nièce. Se sent- il responsable de l’héroïque misère de Flora ? En tout cas, la nouvelle « francesita » aura droit à une part importante de son héritage, celle qu’il aura refusée à sa mère ?

Pendant ces années Liméenne, Aline et ses enfants, habitent dans une vaste demeure républicaine, connue comme la Casa Echenique, et qui existe encore aujourd’hui. Cette jolie et luxueuse maison, est située en plein Centre historique, non loin du Ministère de la Femme, clin d’œil à la féministe Flora Tristan.

On peut donc s’étonner de la qualification que s’attribuait Paul Gauguin qui parlait volontiers de lui comme d’un « sauvage du Pérou ». Mystificateur un peu comme sa grand-mère, qui se proclamait parfois la fille de Bolivar, ou la descendante de l’Inca, voir de Montezuma, l’empereur Aztèque donc mexicain, ce qui évidemment n’a rien à voir avec le Pérou ?

On ne prête qu’aux riches.

Rappelée par Guillaume Gauguin en mauvaise santé, Aline décide de repartir en France rejoindre son beau père et grand-père des enfants.

Retour en France

La famille embarque au début de 1855, en plein coup d’état péruvien (une maladie endémique dans ce pays) et arrive à temps pour fermer les yeux de Guillaume Gauguin, régler la succession de son beau père.

Aline s’installe chez son beau frère Isidore, bijoutier à Orléans (25 rue Tudelle) et scolarise Paul à la Chapelle-Saint-Mesmin (Orléans), au Petit Séminaire. Ce retour au sol natal est pour Paul un dépaysement. Il comprend mal le français et prend peu d’intérêt à l’étude. Il brode, il imagine, il rêve.

« l’Inca est venu tout droit du soleil et j’y retournerai ». Il a la nostalgie du voyage.

Il rejoindra sa mère à la fin de ses études trois ans plus tard à Paris.

A la mort de l’oncle Pio en 1856, elle reçoit en héritage une rente à vie qui équivaut à 10 000 € (annuels). C’est sans compter sur les héritiers péruviens qui font tout pour déposséder la française. Son cousin, José Rufino Echenique Président de la république du Pérou du 20 avril 1851 au 5 janvier 1855, est banni du Pérou. Il arrive en France pour proposer une transaction sur l’héritage de l’oncle Pio à Aline, aussi intraitable que sa mère, elle lui déclare « c’est tout ou rien. » ……. ce fut rien.

1856 c’est aussi la sortie de prison d’André Chazal. Elle reverra jamais son père. A sa mort en 1860, Paul héritera de la bague chevalière de son grand-père, devenu brocanteur à Évreux.

Il ne lui reste pour vivre que l’héritage de son beau père Guillaume Gauguin, héritage avec lequel elle va ouvrir en 1859 un magasin de mode, au 33 rue de la Chaussée d’Antin, à l’angle de la rue de Provence, se rappelant ainsi des conseils de Flora et de son apprentissage de couturière.

Six ans plus tard à 40 ans, Aline est épuisée. Elle liquide son atelier et va s’installer dans une sorte de communauté à Romainville nommé « Village de l’Avenir », avant d’acheter une maison à Saint Cloud, où elle mourra le 7 juillet 1867.

Par testament, elle désigne Gustave Arosa tuteur de ses enfants, ses seuls héritiers. Paul hérite des tableaux, d’une chaîne de montre, de breloques, de la maison de Saint Cloud, située 2 rue de l’Hospice (actuel hôpital). Maison qui sera incendiée par les Prussiens en 1870, brûlant, détruisant les souvenirs de Flora et d’Aline.

Aline Gauguin peinte par Paul vers 1893

Gustave Arosa , le tuteur de Paul, était ami avec Aline (dans quelles circonstances ?) ; c’est un homme d’affaires et un futur grand collectionneur d’art, qui a eu une influence certaine sur l’activité artistique de Gauguin. Il gardera toute sa vie un lien avec l’artiste, ses œuvres et lui donnera le goût de la peinture.

C’est Gustave Arosa qui lui fera rencontrer Camille Pissarro …. et sa future femme (Mette-Sophie Gad (1850-1920), d’origine danoise). 

Mais pour l’instant Paul Gauguin a 19 ans, il part sur les mers  lointaines affirmant son goût du voyage, de l’exotisme, pour s’imprégner des couleurs et développer ses impressions propres …. on le verra dans un autre article.

Marie et Paul Gauguin fin du XIXè siècle

Marie et Paul Gauguin fin du XIXe siècle

Et Marie Gauguin, la sœur de Paul

De son vrai nom Fernande-Marceline Gauguin, est née le 25 avril 1847 à Paris, elle est morte le 15 mai 1918 à Bogotá en Colombie, âgée de 71 ans. Comme sa grand-mère, sa mère et son frère elle fut aussi une grande voyageuse. Une destinée peu banal !

Acte de mariage de Marie Gauguin et Juan Uribe 28/12/1875

Elle s’est mariée tardivement le 28 décembre 1875 à Saint-Cloud où elle réside 14 rue du Calvaire, avec Juan Nepomuceno URIBE BUENAVENTURA (1849 – 1894), de deux ans plus jeune qu’elle, négociant d’origine Colombienne (quinine) et deux amis ses témoins de même nationalité. Pour Marie ses témoins sont Paul Gauguin son frère et un vieux Monsieur de 90 ans François Ezéquiel.4 Le couple eut trois enfants :

Pedro Uribe Gauguin ; né le 20 décembre 1879 16ème arrondissement, Paris, résidant 7 rue d’Iéna à sa naissance décédé en 1966 

María Elena Uribe Gauguin qui fut l’épouse de Miguel Saturmino Uribe Holguin et la mère de Juan Uribe Holguin y Uribe, Ministro de Relaciones Exteriores 1952-53

et Carmen Uribe Gauguin

Le couple emménage près du Parc Monceau. Puis ils partent à une date inconnue en Colombie. Ils arrivent à Bogotá en passant par New York, puis direction Panama et le voyage se poursuit en bateau à vapeur de Puerto Colombia, à Barranquilla. Le couple s’installe dans une maison sur la Calle Octava, à côté de l’église de San Agustín.

Marie a apporté ses meubles, bibelots et tapis à la mode française, mais aussi deux tableaux de son frère ; deux paysages (peints vers 1875, l‘un d’un bosquet de grands peupliers et deux autres de marcheurs dans la forêt de Viroflay). Pendant près d’un siècle, ces deux “Gauguines” très précieuses ont traîné autour de Bogotá, sans qu’on leur accorde aucune importance. Marie devenue Maria y tient salon, c’est ainsi que sa maison devient «le salon de Maria Gauguin»

Marie et Paul continuent leur relation, ils se rencontrent même. Nous sommes en plein percement du Canal de Panama par Ferdinand de Lesseps. Paul a dû y travailler comme ouvrier y attrapant le paludisme et …. la syphilis. Le canal sera définitivement achevé par les américains en 1912. On estime à 22 000 morts, le prix payé par les ouvriers lors de ce percement.

Malheureusement Juan Uribe, l’époux de Marie, fait faillite, puis décède. La fratrie se sépare définitivement. Paul part à Tahiti et Marie rejoint la famille de son mari à Santa Fe, banlieue de Bogotá, abandonnant «le salon de Maria Gauguin».

María a été enterrée en 1918 dans la chapelle du mausolée Uribe Holguines Buenaventura dans le cimetière central. Des années plus tard, ses cendres ont été déposées au couvent de Santa Clara, sur une petite pierre tombale figure «María Gauguin» rappelant ainsi le passage et la vie de Marie à deux pâtés de maisons de l’endroit où elle a vécu à Bogotá pendant 20 ans.5

Il y a actuellement en Colombie environ 150 descendants de cette femme.

En conclusion

Voilà la vie d’Aline Tristan Chazal Gauguin et de ses enfants. Une vie à l’envergure plus modeste que celle de sa propre mère, mais une femme de conviction, indépendante, qui a mené une vie certes plus pâle que Flora mais qui a aussi bourlingué, a affirmé et mis en pratique ses convictions, affirmé son indépendance, économique, sociale, politique tout en développant sa personnalité, faite de prévenance, de gentillesse « un être adorable » comme le disait George Sand.

Une mère enfin, qui accompagnera avec affection ses deux enfants, Marie et Paul, sera un trait d’union serein, loin des tempêtes déclenchées dans son enfance entre ses deux parents. Son fils Paul, à la nature volcanique, sera à la fois un génie de la peinture et un être écartelé entre souffrances causées et subies, notamment à l’égard des femmes qu’il côtoie, souvent très jeunes.

Tableau généalogique descendance

 

 

Précisions

A propos de la mort de Clovis et la description du voyage de la petite famille au Pérou tiré du livre La vie de Gauguin d’Henri Perruchot et Marc Vaux édition Hachette 1963 régulièrement réédité en PDF. Extrait pages 26 à 29″

« Dans son appréhension, il est naturel qu’Aline en vienne à penser à ses «parents »du Pérou. Certes, le Pérou est loin. Mais ce pays, dont sa mère lui a tant de fois parlé, est pour elle presque familier. Bien qu’après la publication des Pérégrinations d’une Paria, les Tristan Moscoso, outrés des propos de Flora, aient brisé net avec elle et lui aient supprimé sa rente (don Pio a même fait brûler son livre en place publique à Arequipa), Aline peut, malgré tout, espérer qu’ils se montreront sensibles à ses difficultés, et qu’ils l’aideront.

Clovis se propose, une fois arrivé au lieu de son exil, de fonder un journal; l’appui des Tristan Moscoso réduirait les risques de cette entreprise. A mesure que les mois passent, les alarmes de Clovis se précisent.

En juin 1849, une fois de plus, des troubles secouent Paris; quelques barricades s’élèvent rue Saint Martin, rue Jean-Jacques-Rousseau, rue Transnonain; des poursuites sont engagées contre diverses personnalités politiques. Clovis n’attendra pas plus longtemps pour quitter la France; il décide de partir avec les siens durant l’été.

Paul—Petit Paul, comme l’appellent ses parents —n’a pas encore été baptisé. La perspective d’un long voyage par mer—trois ou quatre mois sont nécessaires, selon les hasards de la navigation, pour atteindre le Pérou —incite probablement Aline à faire administrer sans plus de retard le baptême à son fils.

La cérémonie a lieu à l’église Notre Dame-de-Lorette, le 19 juillet, en l’absence de Clovis, qui joint peut-être à ses opinions républicaines des sentiments voltairiens; le parrain de l’enfant est son grand-père Guillaume, d’Orléans. Vers la même époque, les Gauguin demandent à un peintre, médaillé du Salon, ancien élève d’Ingres, Jules Laure, qui fut intimement lié avec Flora Tristan (il servit de témoin à Aline, lors de son mariage), de brosser un portrait de Petit Paul.

Sur le tableau de Jules Laure, Petit Paul—il a un an —se dresse le torse nu, une main appuyée au creux de la poitrine. Bébé à tête ronde et éveillée, aux cheveux blonds tirant sur le roux, il regarde les choses de son œil bleu et candide… Par les conséquences qu’elles ont pour la famille d’un journaliste politique, les ambitions de Louis-Napoléon Bonaparte vont précipiter cet innocent dans son destin.

Dans le courant du mois d’août, Petit Paul est brusquement arraché à son décor accoutumé. Les Gauguin s’embarquent au Havre sur un brick inconfortable, l’Albert, affecté aux lignes de l’Amérique du Sud.

Dès le début, le voyage s’annonce mal. De petit tonnage, le voilier roule et tangue affreusement. Une nuit, Petit Paul se réveille en sursaut. L’étroite cabine danse ; tout chavire tandis que la nuit retentit de craquements, de bruitssourds ou stridents. Les yeuxagrandis par l’épouvante, Petit Paul se met à crier. Aline accourt, se penche sur la couchette où l’enfant se débat. De sa voix douce, elle parle à Petit Paul. Alors, peu à peu, oubliant son effroi devant le visage rassurant, tutélaire, le bébé se calme; il se rendort, pacifié. Ce visage maternel sera bientôt le seul à représenter pour Petit Paul la sécurité.

Les Gauguin n’ont pas seulement à déplorer les médiocres conditions que l’ Albert offre à ses passagers. Ils pâtissent aussi des brutalités du capitaine, un butor qui les traite avec la plus outrageante grossièreté. Clovis se querelle sans arrêt avec lui. L’incessante répétition de ces disputes est bien fâcheuse, car Clovis souffre du cœur. Finit-elle par provoquer quelque aggravation de son mal? Aline en restera toujours persuadée. Quoi qu’il en soit, le 30 octobre, alors que l’Albert, parvenu à la pointe de la Patagonie, est au mouillage devant Port-Famine, Clovis s’écroule dans la baleinière qui doit le mener à terre. Une rupture d’anévrisme a entraîné la mort »

 

 

 

 

 

1Flora Tristan la femme révoltée p 310 311 Hachette Littérature éd 1972

2D’après Guy Thuillier, « Un journaliste radical : Clovis Gauguin », Revue administrative, n°300, nov. 1997, p.613- 619.

3Flora Tristan la femme révoltée p 310 311 Hachette Littérature éd 1972

4Acte de mariage Archives départementales Saint Cloud 1875 page 36

5D’après https://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=es&u=https://revistadiners.com.co/arte-y-libros/63735_sabia-que-paul-gauguin-tuvo-familia-colombiana/&prev=search&pto=aue

Séries d'articles : Flora Tristan au Pérou
Cet article comporte 4 commentaires
  1. Quelles sont vos sources concernant le voyage de la famille GAUGUIN sur l’Albert ?
    Vous décrivez le navire comme un mauvais rafiot : il était flambant neuf, sorti des chantiers trois mois avant le départ du Havre. C’était son premier voyage.
    Vous décrivez le capitaine comme à moitié fou… j’aimerais creuser le sujet vu les circonstances de sa mort en septembre suivant
    L’acte de décès de Clovis GAUGUIN annexé au rôle de désarmement du navire
    https://www.archivesdepartementales76.net/ark:/50278/f8e45ef58dd9f812bf02edfc4be01aff/dao/0/1/idsearch:RECH_e5c0834b6347a024f9b9442e3995587b?id=https%3A%2F%2Fwww.archivesdepartementales76.net%2Fark%3A%2F50278%2Ff8e45ef58dd9f812bf02edfc4be01aff%2Fcanvas%2F0%2F444&vx=1180.36&vy=-1980.95&vr=0&vz=5.25373

    1. Bonjour
      Désolé pour cette réponse tardive.
      Pour la Liberté vous avez bien sur raisons mais comme vous le dite ce tableau est une allégorie pour moi atemporel et mise pour illustrer ce combat pour la Liberté image utilisée encore dernièrement par les Gilets Jaunes.
      Pour les sources concernant le voyage au Pérou, je vous accorde bien volontiers et vous remercie pour cette remarque avisée, je n’ai malheureusement pas retrouvé la trace du décès de Clovis que vous m’indiquiez dans ce document. Pourriez vous me le préciser svp.
      J’ai cité le livre La vie de Gauguin d’Henri Perruchot et Marc Vaux édition Hachette 1963 régulièrement réédité réédité en Pdf en voici l’extrait.
      Une approche datant du siècle dernier heureusement les archives permettent de revisiter l’histoire. En tout cas merci pour votre intérêt. Dans l’attente de vous lire recevez mes salutations les plus cordiales
      Jean Pierre Lefèvre 0662232670 au cas ou vous souhaiteriez approfondir …

      Voici l’extrait

      de « Dans son appréhension, il est naturel qu’Aline en vienne à penser à ses «parents »du Pérou. Certes, le Pérou est loin. Mais ce pays, dont sa mère lui a tant de fois parlé, est pour elle presque familier. Bien qu’après la publication des Pérégrinations d’une Paria, les Tristan Moscoso, outrés des propos de Flora, aient brisé net avec elle et lui aient supprimé sa rente (don Pio a même fait brûler son livre en place publique à Arequipa), Aline peut, malgré tout, espérer qu’ils se montreront sensibles à ses difficultés, et qu’ils l’aideront.
      Clovis se propose, une fois arrivé au lieu de son exil, de fonder un journal; l’appui des Tristan Moscoso réduirait les risques de cette entreprise. A mesure que les mois passent, les alarmes de Clovis se précisent.
      En juin 1849, une fois de plus, des troubles secouent Paris; quelques barricades s’élèvent rue Saint Martin, rue Jean-Jacques-Rousseau, rue Transnonain; des poursuites sont engagées contre diverses personnalités politiques. Clovis n’attendra pas plus longtemps pour quitter la France; il décide de partir avec les siens durant l’été.
      Paul—Petit Paul, comme l’appellent ses parents —n’a pas encore été baptisé. La perspective d’un long voyage par mer—trois ou quatre mois sont nécessaires, selon les hasards de la navigation, pour atteindre le Pérou —incite probablement Aline à faire administrer sans plus de retard le baptême à son fils.
      La cérémonie a lieu à l’église Notre Dame-de-Lorette, le 19 juillet, en l’absence de Clovis, qui joint peut-être à ses opinions républicaines des sentiments voltairiens; le parrain de l’enfant est son grand-père Guillaume, d’Orléans. Vers la même époque, les Gauguin demandent à un peintre, médaillé du Salon, ancien élève d’Ingres, Jules Laure, qui fut intimement lié avec Flora Tristan (il servit de témoin à Aline, lors de son mariage), de brosser un portrait de Petit Paul.

      Sur le tableau de Jules Laure, Petit Paul—il a un an —se dresse le torse nu, une main appuyée au creux de la poitrine. Bébé à tête ronde et éveillée, aux cheveux blonds tirant sur le roux, il regarde les choses de son œil bleu et candide… Par les conséquences qu’elles ont pour la famille d’un journaliste politique, les ambitions de Louis-Napoléon Bonaparte vont précipiter cet innocent dans son destin.

      Dans le courant du mois d’août, Petit Paul est brusquement arraché à son décor accoutumé. Les Gauguin s’embarquent au Havre sur un brick inconfortable, l’Albert, affecté aux lignes de l’Amérique du Sud.
      Dès le début, le voyage s’annonce mal. De petit tonnage, le voilier roule et tangue affreusement. Une nuit, Petit Paul se réveille en sursaut. L’étroite cabine danse ; tout chavire tandis que la nuit retentit de craquements, de bruitssourds ou stridents. Les yeuxagrandis par l’épouvante, Petit Paul se met à crier. Aline accourt, se penche sur la couchette où l’enfant se débat. De sa voix douce, elle parle à Petit Paul. Alors, peu à peu, oubliant son effroi devant le visage rassurant, tutélaire, le bébé se calme; il se rendort, pacifié. Ce visage maternel sera bientôt le seul à représenter pour Petit Paul la sécurité.

      Les Gauguin n’ont pas seulement à déplorer les médiocres conditions que l’ Albert offre à ses passagers. Ils pâtissent aussi des brutalités du capitaine, un butor qui les traite avec la plus outrageante grossièreté. Clovis se querelle sans arrêt avec lui. L’incessante répétition de ces disputes est bien fâcheuse, car Clovis souffre du cœur. Finit-elle par provoquer quelque aggravation de son mal? Aline en restera toujours persuadée. Quoi qu’il en soit, le 30 octobre, alors que l’Albert, parvenu à la pointe de la Patagonie, est au mouillage devant Port-Famine, Clovis s’écroule dans la baleinière qui doit le mener à terre. Une rupture d’anévrisme a entraîné la mort »
      Extrait pages 26 à 29
      La vie de Gauguin Henri Perruchot Marc Vaux édition Hachette 1963 régulièrement réédité

  2. La Liberté guidant le peuple, c’est l’allégorie des Trois Glorieuses, pas de la Révolution de 1848.
    La toile date de 1830

    1. Bonjour
      Je vous ai répondu dans notre précédent échange. Ce tableau est une allégorie comme vous le dites comme exemple je citais les Gilets Jaunes qui avaient repris ce symbole.
      Merci pour votre intérêt.

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