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Flora Tristan et George Sand

Flora Tristan et Georges Sand ont des relations ambiguës  La gloire de la seconde a obscurci la réputation de la première, disparue plus jeune. Des destins à la fois parallèles mais aussi socialement diamétralement opposés. L’une est riche, l’autre pas ! Les deux femmes se sont rencontrées pendant l’hiver 1835 à Paris où elles fréquentaient les milieux littéraires dont celui de l’incontournable George Sand. 

Flora, est une autodidacte, tirant ses idées de ses lectures mais surtout de son expérience. Flora avec ses mésaventures conjugales, sait que l’amour fou dont elle rêve encore ne sera plus son lot. Son besoin d’aimer, elle décide de l’élargir à la société entière. Dans son roman Méphis elle dira : « Si vous n’êtes pas accessibles à la gloire, faites du bien, aimé l’humanité. Cet amant ne vous trahira pas. À 20 ans comme à 60, vous pourrez aimer passionnément. »

A l’époque Paris possède un cercle littéraire féminin dont le premier rôle est joué par Georges Sand, une révoltée certes reconnue et très intégrée à ce monde. Flora, l’ignore encore, mais elle suscite une antipathie profonde dans ce milieu qui lui reproche ses positionnements à la fois radicaux et ses engagements “excessifs”.   Curieusement, le hasard s’acharne provoquer à des dates rapprochées des événements symétriques dans l’existence de ces deux contemporaines.

Aurore Dupin future baronne Aurore Dudevant

Aurore Dupin en 1810

Aurore Dupin en 1810 par sa grand-mère Marie-Aurore de Saxe. Musée de la vie romantique à Paris.

La petite-fille de Marie-Aurore de Saxe, Aurore Dupin et future George Sand, découvre pour la première fois Nohant, à son retour d’Espagne avec ses parents, en 1808. Elle a 4 ans. Ce premier séjour est marqué par la mort de son petit frère et la disparition accidentelle de son père, Maurice Dupin de Francueil. Par la suite, Aurore, vivra entre Paris et Nohant.

Curieux premier parallèle entre les deux femmes, les deux perdent perdent leur père militaire à l’âge de 4 ans. Mais pour la fortune, celle de la future Georges Sand semble assurée contrairement à Flora. Elle parle ainsi de son milieu social et de ses parents Maurice Dupin de Francueil et de Sophie-Victoire Delaborde

« On n’est pas seulement l’enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère. Il me semble même qu’on l’est davantage, et que nous tenons aux entrailles qui nous ont portés, de la façon la plus immédiate, la plus puissante, la plus sacrée. Or, si mon père était l’arrière-petit-fils d’Auguste II, roi de Pologne, et si, de ce côté, je me trouve d’une manière illégitime, mais fort réelle, proche parente de Charles X et de Louis XVIII, il n’en est pas moins vrai que je tiens au peuple par le sang, d’une manière tout aussi intime et directe ; de plus, il n’y a point de bâtardise de ce côté-là. » G.S.

La baronne Aurore Dudevant

Aurore Dupin et son époux

Aurore Dupin et son époux le baron François dit Casimir Dudevant, par François-Auguste Biard. Musée George Sand et de la Vallée Noire au  château de La Châtre.

Les relations avec sa mère sont tendues et se marie en 1822 à Paris avec François Casimir Dudevant, avocat à la cour royale, Sa mère a la présence d’esprit d’imposer le régime dotal, Aurore conservant sa fortune personnelle de 500 000 francs, et doit recevoir de son mari une rente de 3 000 francs par an pour ses besoins personnels. Pour Aurore, ce mariage est l’occasion de gagner sa liberté, mais c’est oublier que les femmes mariées sont à cette époque traitées en mineures de leur mari, le drame pour Fora Tristan femme du peuple, les petits arrangements pour Aurore.  

Le , Aurore donne naissance à son fils Maurice (1823-1889) à Paris.   En 1824, chez  les du Plessis, Casimir gifle Aurore en public pour un motif futile. Aurore se rend compte que tout la sépare de son époux, grossier, peu cultivé, à l’éducation si dissemblable, dont les goûts diffèrent totalement des siens.  En, Aurore fait la connaissance d’Aurélien de Seze, avocat de talent, substitut au tribunal de Bordeaux et neveu du défenseur de Louis XVI. Elle y retrouvera le goût de vivre et la force de résister à sn époux Casimir qui s’alcoolise comme Chabrié. Leur séparation est inévitable (le divorce n’existe pas à cette époque) et prononcée en sa faveur le , par le tribunal pour « injures graves, sévices et mauvais traitements ».

George Sand la littérature 

George Sand habillée en homme par Eugène Delacroix

George Sand habillée en homme par Eugène Delacroix

Le , elle quitte Nohant pour Paris et ses amis férus de littérature romantique qu’elle fréquentait déjà dans son Berry.

Paris est en pleine effervescence romantique après la révolution de Juillet. Les jeunes artistes et poètes du quartier latin portent des costumes extravagants, Aurore mène une vie de bohème avec ses compagnons, allant dans les théâtres, les musées et les bibliothèques habillée en homme, elle adopte un costume masculin, plus pratique et moins coûteux : elle endosse une « redingote-guérite ».

George Sand est reconnue par le milieu littéraire et ses scandales contrôlés, n’offusquent que les bourgeois conservateurs. Son talent s’affirme en parallèle à ses conquêtes amoureuses et proportionnel à celui d’écrivain. Elle tient salon ! 

La Dame de Nohant  

Le domaine de Nohant source d’inspiration et d’accueil,  lui permettra d’y recevoir des personnalités aussi différentes que Franz LisztFrédéric ChopinMarie d’AgoultHonoré de Balzac,  Gustave FlaubertEugène  DelacroixHenri Chapu, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une grande amitié avec Victor Hugo par correspondance mais ces deux grandes personnalités ne se sont jamais rencontrées

George Sand mourra célèbre dans son château de Nohant, le jeudi 8 juin 1876, elle repose dans le petit cimetière familial du domaine, à l’ombre d’un if, en bordure du jardin. Aujourd’hui le château est un musée La maison de George Sand 

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Château de Nohant

Revenons aux relations entre Flora Tristan et Georges Sand 

“A Nohant, le 19 octobre 1823, le baron Casimir Dudevant s’est en querellé avec son fils, tourne sa rage vers sa femme Aurore. Il crie : « Sors où je te gifle », puis saisit un fusil aura râtelier : « Il faut que cela finisse ! ».

Dans cette scène, comme dans celle qui opposa les Chazal en 1832, on démêle mal où finit la comédie et où commence la rage irrépressible. La scène de ménage servira George Sand à obtenir une séparation de corps et de bien auteur du mari et la garde de ses enfants. Ce qui devrait la rendre indulgent à ses pareils…

Les deux femmes écrivains, en rupture de mariage, se sont rencontrées durant l’hiver qui a suivi. Où ?

Chez Marceline Desbordes-Valmore ? Chez Hortense Allart. Dans l’un des salons où allait Pierre Leroux ? … en tout cas, elles se sont rencontrées en un lieu où l’on discutait de la femme et de sa condition.

Pour se venger d’avoir dissimulé, menti pendant si longtemps, elle assume à présent son rôle d’« Être de vérité». Peut-être a-t-elle formulé ce qu’elle pense : George Sand est le plus grand talent féminin après Madame de Staël… Mais pourquoi Aurore Dudevant ce dissimulent-elles derrière un pseudonyme masculin ? Pourquoi contourner l’adversaire au lieu de l’affronter ?

Flora Tristan et Georges Sand

Flora Tristan et Georges Sand ?

Leur position, comme leur nature, sont inconciliables. George Sand n’a cessé de louvoyer et de s’octroyer le beau rôle, maternelle, compréhensive, victime des exigences de ses amants enfants. Son physique même est rassurant : brune, assez ronde, avec une sorte de douceur campagnarde. Flora par contre, mince, tendu, attire l’attention desquels en, œil flamboyant et gestes souples. Georges la trouva « vaniteuse ». L’admiration des hommes, le sourire étincelant dont l’Andalouse accueillait leurs hommages y était pour beaucoup. « impérieuse »?…

Curieuse rencontre : voilà deux femmes en vie parallèle. Flora fils naturelle d’un seigneur, Aurore petite fille, non moins illégitime de Maréchal de France. L’une et l’autre, mal mariée, mère d’un fils et d’une fille, ont compris l’hypocrisie sociale, et mais les voyages, la liberté, l’amitié amoureuse, divinisait l’amour et écrit des livres.

Mais George, dès ces 17 ans, possédait en Nohant une assurance contre la pauvreté, donc la certitude de ne pas connaître l’humiliation. Adolescence paradisiaque, don d’expressions naturelles cultivées par les études et de loisirs, Georges ne s’est jamais soucié de son « image » telle que les autres la voyait. Elle a construit avec ses livres, l’image qu’elle avait décidée d’offrir. Elle a pu écarter son mari comme on déplaçait la cloison qui rapetisse une pièce : avec quelques frais…elle a vécu fort vieille, fort embourgeoisé, fort jugeant et traitant la Commune comme Maurice de Saxe, son père aurait traité une jacquerie.

Flora, au contraire, adolescente malheureuse, ne s’est jamais libéré des soucis matériels lancinants. Le mari impossible la persécutera jusqu’à vouloir l’assassiner. Son amour maternel a toujours été menacé par les lois, par la folie du conjoint, par le manque d’argent et la force de sa vocation. L’apôtre pauvre ne peut pas se transporter en famille, comme George débarquent aux Baléares avec amant, fils, fille, malles et servantes…

Flora, qui n’a cessé de se décrire, à chaque instant, dans sa vérité, avec ses erreurs, ses mensonges, ses faiblesses, est morte à la tâche. Mais le talent, c’est Georges qu’il avait.

Flora morte, George Sand, d’un an sa cadette, refusera de « se prosterner devant la mort ». Flora « ne lui a jamais été sympathique, malgré son courage et ses convictions. Il y avait trop de vanité chez elle ». Georges (dont les rapports avec sa fille Solange ont été les plus chaotiques) se demande au sujet de la ligne : « sa mère aimait-elle ? Quel apostolat pour faire oublier et envoyer si loin un être si charmant et si adorable ? » Elle trouva Aline « aussi tendre et bonne que sa mère était impérieuse et colère ».

Tiré du livre de Dominique Dessanti : Flora Tristan la femme révoltée – Paris, Hachette, 1972 (1re édition)

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