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Silence ! À Bordeaux, en 2018, on abat des arbres

Enchaînés, déchaînés pour sauver les marronniers

Lettre ouverte à M. Alain Juppé, maire de Bordeaux, président de Bordeaux-Métropole

Monsieur le maire,

En octobre ou novembre prochain, si vous ne revenez pas sur votre décision, 17 marronniers, certains septuagénaires, seront purement et simplement abattus dans le cadre des travaux de réaménagement de la place Gambetta, en plein cœur de la ville de Bordeaux.

Avec tout le respect que nous devons au premier magistrat de la ville, nous voulons vous faire part de notre vive émotion quant au sort qui sera réservé à 17 sujets arborés qui, en plus de contribuer à notre bien-être psychique, nous rendent de fiers services en termes de captation du dioxyde de carbone et d’apports de fraîcheur au cœur emblématique de la ville. C’est pourquoi nous souhaitons vous interpeller sur la gravité d’un tel geste et sur la responsabilité incommensurable qu’il engage, sur le plan des dommages à la fois matériels et symboliques, par rapport à notre présent et par rapport aux générations futures.

SOS climat

À l’heure où tous les signaux d’alerte sont dans le rouge relativement à ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’état d’urgence climatique, signaux lancés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat voici plus de dix ans, pris en compte dans les objectifs de la COP 21 entérinés en décembre 2015 à Paris, et répercutés à toutes les échelles de la société, à l’heure où le ministre démissionnaire de la transition écologique Nicolas Hulot alerte, en des termes vifs, la société civile relativement à la catastrophe vers laquelle nous sommes embarqués si nous ne prenons pas des mesures radicales pour l’endiguer – message que vous affichez vouloir prendre en considération à l’antenne et sur Twitter – vous persistez à vouloir abattre 17 sujets performants pour la transformation du CO2, c’est-à-dire 17 formidables adjuvants naturels contre ledit réchauffement climatique. Nous avouons que nous ne comprenons pas. Non seulement nous ne comprenons pas, mais nous sommes, oui, disons-le, en colère contre cette décision inique.

Enchaînés au pied des marronniers

Un poumon vert dans la ville 

On nous oppose que ces arbres sont malades, qu’ils masquent les façades 19ème siècle de la place, qu’enfin 28 nouveaux arbres seront replantés et que ce n’est donc pas si grave. Nous réfutons ces arguments en bloc : non seulement ces arbres sont déclarés en bonne santé (l’étude phytosanitaire est formelle sur ce point), ils ne sont, de plus, pas même au mitan de leur vie au regard de la longévité du marronnier estimée à 250 ans, mais la prémisse de cette rhétorique est à revoir : qui a dit que le patrimoine architectural devait prévaloir sur le domaine végétal ? Comment peut-on soutenir une aberration pareille à l’heure des étés caniculaires et des incendies dévastateurs ? Enfin, qui dit que ces 28 arbustes et arbrisseaux (le projet évoque en effet le concept de « lisière transparente ») s’adapteront à ce nouvel environnement ? Enfin combien de décennies devrons-nous attendre pour que ces jeunes arbres produisent l’ombre et la fraîcheur des actuels marronniers ?

Monsieur le maire, nous ne sommes pas d’aimables détraqués. Nous ne sommes pas même des hurluberlus. Nous sommes des citoyens et citoyennes responsables, dotés d’un solide sens commun, soucieux du bien-être de nos concitoyens, de nos enfants et des enfants de nos enfants. Vous auriez tort de criminaliser le combat d’une société civile qui s’insurge par toutes les voies qui lui semblent opportunes, y compris celle – au reste suggérée par vous dans un échange acerbe avec un élu – qui consiste à former une chaîne humaine pour protéger ces arbres. Nous considérons que nous avons notre mot à dire face à ce qui relève non seulement d’une aberration mais d’un écocide.

Monsieur le maire, la fiction qui consiste à croire que les êtres humains sont sur terre pour la dominer et maîtriser est une fable toxique dont nous voyons bien les effets. A l’ère de l’anthropocène dont on observe l’impact à la fois sur le climat, la biodiversité, la paupérisation et la désertification des sols, avec les conséquences que ces phénomènes engendrent pour les populations, il est plus que temps de revenir à une posture modeste et respectueuse des écosystèmes. Cela commence aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, à partir d’une approche attentive aux écosystèmes locaux. Cela commence place Gambetta, au cœur de Bordeaux, ville qui fait partie du patrimoine de l’UNESCO et qui abrite l’écosystème Darwin.

Contre les exigences de la technostructure, priorité au vivant 

Monsieur le maire, le projet d’aménagement de la place Gambetta présente un certain nombre d’atouts : il entend réintroduire une qualité de vie par la diminution des flux d’automobiles et de transports en commun. Il entend aussi favoriser la mobilité traversante des piétons au sein du jardin. Ce projet contient néanmoins une anomalie considérable : s’il fait la synthèse d’une multitude de contraintes techniques, son cahier des charges exclut ce que nous considérons comme sacré : 17 marronniers répartis sur les côtés Nord est Ouest de la place, ainsi que le plan d’eau de 488 m2 situé au centre du jardin. Autrement dit, il exclut le vivant ! Cette anomalie nous est insupportable, tout spécialement dans l’époque que nous vivons.

Monsieur le maire, dans cette affaire, qui est prescripteur ? Est-ce l’intérêt général que vous avancez et que vos élus et techniciens reprennent partout la main sur le cœur dans les séances publiques ? Ou bien les intérêts particuliers bien compris d’une certaine grande fortune qui, avec beaucoup d’arrogance dans la presse, entend préempter une grande partie des immeubles de la place en plus qu’elle prétend prescrire les usages de l’espace public[1] ?

Monsieur le maire, il n’y a pas de fatalité dans l’abattage de ces marronniers. Nous en avons fait la démonstration. Nous sommes tout disposés à vous le montrer à nouveau, à partir de la prise en compte du vivant et des contraintes techniques d’aménagement.

Monsieur le maire, à la fin, de quel côté vous situez-vous ? Du côté du bon sens et du vivant ? Ou bien du côté du porte-monnaie et des choix mortifères ? Autrement dit, vous tenez-vous du côté de l’intérêt général, au sein d’une ville qui fait scrupuleusement attention à ses choix relativement au domaine végétal en tant que source de vie, ou bien vous rangez-vous du côté de l’économie de la prédation qui la détruit, par la volonté de quelques adeptes de la minéralisation et du foncier ?

Changer de paradigme 

L’heure pour nous est grave. Le moment éminemment politique. Vous avez la possibilité de mettre vos actes en accord avec vos discours. Vous avez donc la possibilité de vous inscrire dans un scénario de rupture vis-à-vis de tous les errements passés qui menacent notre présent et notre futur, afin de tenter avec nous d’en juguler les effets. Cette démarche vous honorerait grandement. Vous pouvez aussi persévérer dans cette folie partout établie, jusqu’au secrétariat général des Nations Unies dans un avis récent. Dans ce cas, les soutiens toujours plus nombreux que nous recevons, de femmes, d’hommes, Bordelais et Bordelaises de tous âges et de toutes catégories, qui expriment leur immense attachement à ces arbres, et leur effarement à l’idée de les voir abattus, nous font croire qu’il y aura un coût à payer, d’abord et prioritairement en termes écologiques, coût dont vous serez comptable, mais aussi en termes politiques.

Le collectif Les marronniers de Gambetta

Signez la pétition en ligne : https://www.change.org/p/fdd-ne-laissez-pas-couper-les-marronniers-de-la-place-gambetta

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Les intertitres sont de la rédaction.

L’association PourQuoiPas 33 est membre du collectif écoutez l’interview sur Radio CHU  ici 

[1] https://objectifaquitaine.latribune.fr/business/2016-12-06/immobilier-michel-ohayon-revele-ses-projets-bordelais.html

https://www.sudouest.fr/2018/07/05/bordeaux-le-printemps-de-retour-place-gambetta-30-ans-apres-5207328-2780.php

 

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